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221. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Les gens d’esprit tels que Grimm et Suard firent toutes les objections, avec moins d’appareil seulement qu’on ne le ferait aujourd’hui que la connaissance du xviie  siècle, plus approfondie peut-être, est passée à l’état d’érudition et de doctrine. […] Je n’ai point à prononcer là-dessus ; mais si Duclos définit avec précision et rectitude l’état de la société vers le milieu du siècle, s’il nous donne, comme on l’a dit, le code des mœurs à ce moment, M. de Meilhan exprime avec non moins de netteté et, je le crois, avec plus d’étendue, l’état moral de cette même société dans les dernières années de Louis XVI ; il refait le même portrait, mais à l’extrême saison et au déclin. […] Il semble se corriger ici de ce lieu commun d’un faux Sully, qu’il avait caressé dans le précédent ouvrage. — Il observe très bien que de son temps les conditions de la société se sont tellement mêlées et confondues, et avec un frottement si continuel, que ce qu’on appelle les gens du monde n’ont plus ni état ni âge, ni rien qui marque l’individualité de la personne : La vie intérieure et domestique, dit-il, n’a plus été le partage que des états obscurs et des gens sans fortune. […] Dans cet état de langueur où l’homme doit être entraîné par le cours des choses, il n’aura peut-être d’autre ressource dans dix ou douze générations que celle d’un déluge qui replonge tout dans l’ignorance.

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