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1268. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Il doit comprendre ou sentir qu’il ne doit déranger l’ordre établi autour de lui qu’autant qu’il le faut pour qu’il y subsiste, et que, s’il ne se fait pas cette obligation, il est une force mauvaise. […] — Parce qu’il n’a pas créé l’univers une fois pour toutes, mais parce qu’il le crée perpétuellement, le mal qu’il crée perpétuellement lui est moins imputable que s’il l’avait, une fois pour toutes, établi ; et il n’est plus incriminable, parce que, au lieu d’avoir fait le mal une fois, il le fait toujours ? […] De ce que la Vie est le règne de la lutte, et de l’injustice et du mal, ou ils concluent qu’il n’y a point de « perfection morale de l’univers », ou ils essaient d’établir comme ils peuvent une religion de la nature qui ne soit pas la religion de la force. […] Dans l’égalité des droits qu’elle établit, elle laisse le faible périr, et elle ne permet qu’au vigoureux de se dépêtrer dans la lutte et d’émerger. […] C’est avoir de bons yeux que de voir tout cela ; mais encore est-il qu’il y a dans tous ces chapitres de saint Augustin sur la genèse une tendance, (un nisus aussi), pour établir une théorie toute particulière de la création.

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