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408. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

C’est surtout pendant les époques de révolution qu’ils sont mis à l’épreuve et que les occasions les déclarent aux autres et à eux-mêmes. Aux époques régulières, une certaine sagesse élevée peut consister à suivre et à maintenir le train des choses établies, à embrasser tout un ordre prévu et à n’en point sortir : droiture, prudence et modération y suffisent. […] Jeannin fut longtemps le second président du Parlement, et il ne résigna cette charge qu’en 1602, époque à laquelle Henri IV le fit intendant des finances ; il n’a jamais été premier président. […] Mais que j’ai hâte, malgré les preuves d’énergie et d’habileté qu’il y donne, d’être sorti bientôt avec lui de ces époques pénibles de désordre et de confusion, où le patriotisme ne sait le plus souvent à quoi se prendre, où les routes du devoir sont douteuses et obscures, où il faut se cacher et user de ruse pour faire le moindre mal dans l’impuissance du bien, où les forces de l’État se consument dans des luttes intestines, et où les âmes généreuses seraient capables, à la longue, de s’aigrir et de s’altérer !

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