Il avait bien ce qu’il faut pour faire un élégiaque : cette proportion de fatuité naïve qui fait qu’on n’hésite point à confier aux autres les émotions intimes du cœur ; le respect aussi de ces émotions, qui fait ne les simule pas, qu’on ne les joue pont, et qu’on né les tourne pas en un lieu commun ; ces deux dispositions contraires en une mesure juste, qui leur permettait de s’associer ; une distinction innée qui le menait, sans qu’il y songeât, à choisir parmi ces émotions les plus nobles, et, parce qu’elles étaient les plus nobles, les plus générales, et parce qu’il restait sincère, très vraies encore et profondes quoique générales ; ce goût du beau enfin, qui est le fond de son être, qui de ces émotions écartait encore, naturellement et sans effort, tout ce qu’elles auraient eu de trop âpre, tout ce qu’elles aurait fait grimacer le style, sans leur ôter rien de leur mélancolie pénétrante. […] Rien de personnel, ni même de très profond comme émotion. […] Il a l’âme poétique, la sensibilité profonde, le don de voir dans un sujet ce qu’il contient d’émotion noble, l’imagination qui agrandit et anime ces émotions ; tout cela tranquille en lui et un peu dormant, prêt à s’épancher en élégies, en rêveries, ou en poèmes qui sont un peu des rêves : mais que la lutte le remue, ou seulement le frisson des foules, tout cela frémit et palpite. […] Il en est d’autres où ce qu’il n’avait pas assez tout à l’heure, l’émotion profonde, la vibration nerveuse, il l’a trop. […] VeuiIlot jette un cri d’admiration et d’émotion à cette première partie du poème.