Fauriel le rendait bien d’ailleurs à son ami, moins encore par la manière dont il le louait que par celle dont il le sentait : lui, si ennemi des formes apprises et convenues, de tout ce qui avait une teinte de rhétorique ou d’académie, il n’en était que plus sensible à la poésie, à une certaine poësie pathétique et simple ; or, il y avait deux lectures en ce genre qui ne lui donnaient pas seulement l’émotion morale, mais qui avaient le pouvoir d’accélérer son pouls, de le faire battre plus vite : c’étaient certains chœurs d’Euripide et les chœurs de Manzoni. […] Ce n’est pas à dire que son goût sincère et déclaré pour l’âge spontané des poésies et pour leurs produits naturels fût un goût absolument exclusif ; je pourrais citer à cet ordre de prédilections habituelles plus d’une exception de sa part qui serait piquante ; j’ai déjà parlé de l’émotion que lui causaient quelques-uns des chœurs d’Euripide, et certes aucun académicien d’Italie, aucun de ses confrères de la Crusca 78, ne sentait mieux le charme de l’Aminta qu’il ne le goûtait lui-même. […] Il s’en exprima avec chaleur, avec émotion ; dans sa notice sur Lope92.