*** [Amiel ou la Part du rêve] Henri-Frédéric Amiel, né à Genève en 1821, orphelin très jeune, élevé par un brave oncle et une honnête tante entre beaucoup de sœurs et de cousines, fut un bon élève du gymnase et de l’Académie de Genève. […] La causticité des rues basses avait créé jadis le type du grimpion, dont Petit-Senn a établi la philosophie, notant le jour où « tout à coup un char de triomphe emmène pompeusement les meubles, les ustensiles et les dieux lares du grimpion devant quelque bel édifice d’une rue bien sèche, bien aérée, bien élevée surtout ». […] On songe à ce mot d’élevé qui prend un son spécial dans la société genevoise : lectures élevées, conversation élevée, et qui l’avait mieux encore ; au temps où les degrés de noblesse de Genève étaient les escaliers de sa ville haute. La Passerine est un lieu élevé. […] Il suffisait d’imaginer les grands hommes ordinaires, purs de leur première erreur, ou de s’appuyer sur cette erreur même pour concevoir un degré de conscience plus élevé, un sentiment de la liberté d’esprit moins grossière. » Je crains qu’Amiel et Teste ne soient dupes d’une illusion.