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321. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Un latin corrompu était resté la langue de l’Église, de l’histoire, de la législation ; l’italien était la langue du peuple. […] Dante lui-même était ce qu’on était déjà à Florence à cette époque, et ce qu’on fut bien davantage, quelques années après, à l’époque des Médicis et de Léon X : croyant et platonicien tout à la fois, associant dans son esprit la foi moderne à la philosophie grecque et romaine ; les pieds dans l’Église, la tête dans l’Olympe, l’âme dans les cieux, dans les épreuves ou dans les abîmes du monde chrétien. […] Il était digne de dormir avec les illustres Toscans sur sa couche de gloire dans le champ des morts (Campo Santo) de Pise, ou dans l’église de Santa Croce à Florence, ou bien à Ravenne, à l’ombre du sépulcre du Dante ! […] Puis il était revenu à Rome avec l’Église ; il avait été l’ami de Pie VI, le plus doux des papes, et du cardinal Gonsalvi, le plus séduisant des ministres. […] Dante était, pour ainsi dire, un païen à peine converti, traînant encore dans l’Église les théories de son vieux culte et les lambeaux de son premier costume.

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