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652. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Je reconnais là l’orgueil du siècle et l’orgueil de l’écrivain. […] De même Dieu est nommé par d’autres écrivains du dix-huitième siècle, toutes les fois que leur instinct se rend plus fort que leurs préjugés. […] Pour un écrivain qui se replie sur lui-même et s’y défend contre l’imitation, combien qui se livrent, qui abdiquent et qui, une fois sortis d’eux-mêmes, n’y rentrent jamais ! […] Se faire un plan, attendre, avant de prendre la plume, cette plénitude qui est l’inspiration des bons écrivains, rejeter les pensées isolées, les premières vues, se défier des traits, c’est œuvre d’homme ; si le style vient de là, je comprends que pour un style il faille un homme. […] Quand Buffon prescrit à l’écrivain de conduire sa plume sur un premier trait, et de l’y laisser immobile et comme enchaînée, jusqu’à ce que la logique lui ait montré le trait où elle doit se porter ensuite ; puis, ce nouveau pas fait, de l’arrêter encore, et ainsi jusqu’à la fin de l’œuvre, on dirait un mathématicien enseignant l’art de résoudre un problème.

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