On arriverait naturellement à cette conséquence assez singulière, que, sous une telle forme sobre et dissimulée, l’esprit poétique, intime, précis, et en tant qu’il touche aux racines mêmes, existe plus peut-être que dans d’autres manières bien autrement brillantes et spécieuses, où le critique écrivain se rapproche et s’inspire davantage de l’orateur et du peintre. […] Lorsqu’on en est au 1er siècle de l’Église, un discours préliminaire encore sur l’état des lettres en ce siècle précède la série particulière des écrivains ; même ordre pour les âges suivants. […] Après s’être un peu légèrement égayé sur tant de noms bizarres d’écrivains exhumés pour la première fois, Gnyfon, Télon, Gyarée, Ursulus, Crinas et Charmis…, il ajoutait : « Mais je me trompe : les auteurs de cette Histoire littéraire n’ont pas eu l’intention de ne parler que de ceux qui le méritaient : ce choix les eût trop embarrassés. Tous les écrivains y ont leur place, parce qu’ils ont été des écrivains : ainsi l’on fait revivre, quinze ou seize siècles après leur mort, bien des auteurs qui étaient peut-être morts de leur vivant. […] Daunou, pût y écrire son beau discours sur le xiiie siècle, il a fallu que la révolution française et le xviiie siècle entier vinssent déposer leur définitive expérience au sein du plus prudent successeur de Voltaire, d’un écrivain consommé et sûr, qui s’est mis à introduire la philosophie d’un air de bénédictin et sous le couvert des faits.