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877. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Note. »

Il est pénible de venir tout d’abord récuser le témoignage de Mme Récamier ; son raisonnement, qui est bien celui d’une femme, revient à dire : « Benjamin Constant m’a aimée, donc il était sensible. » Mais, en vérité, de ce qu’un homme a été amoureux d’une femme et l’a désirée ardemment, de ce qu’il lui a écrit mille choses vives, spirituelles et en apparence passionnées, pour tâcher de l’attendrir et de la posséder, qu’est-ce qu’on en peut raisonnablement conclure pour la sensibilité véritable de cet homme ? Ce n’est pas ce qu’on écrit avant qui compte. […] Benjamin, sur ce carnet, traçait pour lui, pour lui seul, le canevas et, pour ainsi dire, la table des matières des Mémoires qu’il projetait d’écrire. […] Inouï qu’avec ma souffrance intérieure j’aie pu écrire un mot qui eût le sens commun.

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