/ 2110
404. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Je sais que le latin étant une langue morte, dont presque toutes les finesses nous échappent, ceux qui passent aujourd’hui pour écrire le mieux en cette langue, écrivent peut-être fort mal : mais du moins les vices de leur diction nous échappent aussi ; et combien doit être ridicule une latinité qui nous fait rire ? […] Pourquoi les recueils de vers français qui s’échappent par malheur de nos collèges ont-ils si peu de succès, tandis que plusieurs gens de lettres estiment les vers latins qui en sortent ? […] Toutes ces remarques ne doivent pas échapper à un auteur de dictionnaire. […] Il est, premièrement, une infinité de termes d’art et de conversation qui sont nécessairement perdus, et que, par conséquent, on ne saura jamais : il est de plus une infinité de finesses, de fautes et de négligences qui nous échapperont toujours. […] Les anciens, dans leur prose, évitaient de laisser échapper des vers, parce que la mesure de leurs vers était extrêmement marquée ; le vers ïambe était le seul qu’ils s’y permissent quelquefois, parce que ce vers avait plus de licences qu’aucun autre, et une mesure moins invariable.

/ 2110