Il lui faudra quitter ce dernier enfantillage qui est de tenir à quelque débraillement, à un certain air négligé et détaché, et de permettre ainsi aux médiocres de prendre sur son âme et son talent une revanche de dénigrement. Regardons les créateurs modernes : tous nous donneront un exemple de sobre tenue, de pauvreté fière et nette, de vie travailleuse, ordonnée, saine, de discrétion dans le geste et le discours, d’élégance et de distinction nées du seul sentiment de porter en soi une grande âme. […] Y a-t-il eu un personnage de plus haute allure officielle que Puvis de Chavannes, ou un homme plus foncièrement simple, de la belle simplicité d’âme, que le pauvre et grand Ernest Chausson ? […] C’est l’âme qui transparaît, et qui à tous, riches ou pauvres, issus du peuple et formés par eux-mêmes ou élevés selon les cérémonials suprêmes, dicte et inspire une beauté saisissante et imprévisible. […] Il en fera uniquement l’homme qui passe, indifférent aux lieux, aux langages et aux foules, qui passe porteur d’une âme plus pure, d’un caractère plus beau, d’une éloquence et d’une charité plus altières, l’homme qui détient le secret des lois et des méthodes psychologiques, les raisons du cœur humain, les analogies et les idées générales de la société, l’homme qui, parmi les actifs du domaine transitoire, médite les vérités permanentes et les définit à travers les fluctuations de leurs formes.