C’est par l’attrait d’une religion dégagée de toute forme extérieure que le christianisme a séduit les âmes élevées. […] Ce que Jésus a fondé, ce qui restera éternellement de lui, abstraction faite des imperfections qui se mêlent à toute chose réalisée par l’humanité, c’est la doctrine de la liberté des âmes. […] Par ce mot : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », il a créé quelque chose d’étranger à la politique, un refuge pour les âmes au milieu de l’empire de la force brutale. […] Continuons d’admirer la « morale de l’Évangile » ; supprimons dans nos instructions religieuses la chimère qui en fut l’âme ; mais ne croyons pas qu’avec les simples idées de bonheur ou de moralité individuelle on remue le monde. […] Jésus n’est pas un spiritualiste ; car tout aboutit pour lui à une réalisation palpable ; il n’a pas la moindre notion d’une âme séparée du corps.