On surprend les lectures, les goûts du jeune officier, son âme candide, naturelle, mobile, ouverte à un rayon du matin, quelques rimes légères (nous en citerons plus tard), quelque pastel non moins léger, sa passion de peindre et même au besoin de disserter là-dessus : « C’est le dada de mon oncle Tobie, » se dit-il. […] Je m’étais promis de ne laisser voir dans ce livre que la face riante de mon âme ; mais ce projet m’a échappé comme tant d’autres. » Chez M. de Maistre, en effet, la mélancolie n’est pas en dehors, elle ne fait par moments que se trahir. […] Sa destinée avec son cœur acheva de s’y fixer, lorsqu’il eut épousé une personne douée selon l’âme et portant au front le grand type de beauté slave ; il avait trouvé le bonheur. […] Littérairement, on pourrait presque dire qu’il fit école : on citerait toute une série de petits romans (dont le Mutilé, je crois, est le dernier) où l’intérêt se tire d’une affliction physique contrastant avec les sentiments de l’âme : mais ce sont des romans, et le Lépreux n’en est pas un. […] Il l’a dans la sienne : simplicité, pureté, modestie, honneur ; bel exemple des antiques mœurs jusqu’au bout conservées dans un esprit gracieux et une âme sensible !