Alfred de Vigny, le fond incommutable de son génie, l’âme qui a rayonné — pressentiment ou souvenir — dans tout ce qu’il a écrit et tout ce qu’il écrira jamais, s’il écrit encore ! […] Celui-ci a porté sur ses traité, purs comme ceux d’un Grec du temps de Périclès, élégants comme ceux d’un prince d’Angleterre, la distinction que tous les poètes ont dans leur âme. […] Il y avait en lui du prêtre ; il avait tout l’hiératisme qui peut entrer dans une âme moderne, la conscience du sacerdoce qu’exerce l’intelligence. […] Il est vraiment peu honorable pour ce siècle que les désespoirs hautains de cette grande âme y aient trouvé si peu d’échos, tandis que les douleurs égoïstes de Musset l’ont empli de leur harmonieuse monotonie. […] Je voudrais essayer de montrer, en m’en tenant aux cinq morceaux dont j’ai cité les titres, en quoi ces œuvres d’un art raffiné traduisent quelques-unes des plus profondes aspirations de l’âme contemporaine.