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38. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Un voile gris et un peu triste s’est étendu sur mon âme, comme ont fait les nuages paisibles sur la nature. […] J’étais là sous l’impression de la présence de Dieu et dans cet état de l’âme où l’on n’a plus conscience que de Dieu et de soi-même, lorsqu’une voix s’est élevée. […] Il faut dire seulement : mon âme se complaît mieux dans la sérénité que dans l’orage. […] Car Guérin était une âme merveilleuse, la plus sensible, la plus impressible, mais sans garantie contre elle-même et sans défense. […] C’est comme une extase tempérée et tranquille qui ravit l’âme hors d’elle-même sans lui ôter la conscience d’une tristesse permanente et un peu orageuse.

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