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377. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Il aura, dans son langage habilement extrait de tous les dialectes vulgaires de l’Italie, l’énergie populaire et la sublimité, ou la douceur mystique ; il empruntera sans cesse à la riche nature dont il est entouré, au spectacle des champs, au souvenir de ses fuites à travers tous les lieux et parmi toutes les conditions humaines, à ses combats, à ses souffrances, bien des images de la vie réelle et des mœurs de son temps et il sera pourtant, à certaines heures de son inspiration, le plus idéal et le plus recueilli des poëtes religieux. […] « Nous étions encore près de la mer, tels que le voyageur qui songe au départ, et déjà marche dans la pensée, mais demeure immobile : tout à coup, de même qu’au malin, à travers de lourdes vapeurs, Mars vers le couchant reluit d’un rouge écarlate, au-dessus de l’Océan ainsi se leva, et puissé-je la voir encore ! […] Vois ; il dédaigne les instruments humains : il ne veut d’autre rame ni d’autres voiles que ses ailes, à travers de si lointains rivages ; vois comme il les tient droites vers le ciel, battant l’air de ses plumes immortelles, qui ne changent pas, comme les chevelures des hommes.

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