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301. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Ils vont endurer, réclamer, lutter, résister ensemble et avec accord, faire effort aujourd’hui, demain, tous les jours, pour n’être pas tués ou volés, pour ramener leurs anciennes lois, pour obtenir ou extorquer des garanties, et par degrés ils vont acquérir la patience, le jugement, toutes les facultés et toutes les inclinations par lesquelles se maintiennent les libertés et se fondent les États. […] Il peut discuter sur la place publique, et tout haut, à propos de religion et de politique, avoir des meetings, faire des associations, attaquer rudement les gens en place, dire que la Constitution est violée, prédire la ruine de l’État ; cela n’a pas d’inconvénient ; il a les nerfs calmes ; il raisonnera sans s’égorger, il ne fera pas de révolutions, et peut-être fera-t-il une réforme. […] Sitôt que des hommes veulent agir ensemble, il leur faut des chefs ; toute association volontaire ou involontaire en a un ; quelle qu’elle soit, État, armée, navire ou commune, elle ne peut se passer d’un guide qui trouve la voie, y entre, appelle les autres, gourmande les retardataires. […] Après tout, l’État est une machine comme les autres ; tâchez d’avoir de bons rouages et prenez garde de les casser ; ceux-ci ont le double avantage d’en posséder de très-bons et de les manier avec sang-froid. […] De ce corps de vérités envahissantes sort aussi une conception originale du bien et de l’utile, et, partant, une nouvelle idée de l’État et de l’Église, de l’art et de l’industrie, de la philosophie et de la religion.

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