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286. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Cette doctrine est en tout l’opposé de celle de l’État. […] Benjamin Constant, quoi qu’il en dît, savait très bien où placer cet enthousiasme que, d’ailleurs, dès ce temps-là, il n’avait plus du tout et qu’il n’avait même jamais eu ; mais il possédait des lumières, de l’activité, des talents à produire, il avait des préférences libérales (je ne le conteste pas) ; il jugea que ce gouvernement du Directoire était bon à appuyer ; il s’y rallia publiquement ; il le défendit par des brochures, par des discours dans des cercles politiques, avant et après le 18 fructidor : preuve que Benjamin Constant, n’en déplaise à son commentateur, admettait très bien qu’il y a des moments et des cas où, à la rigueur, les principes absolus doivent fléchir devant la nécessité et le salut de l’État. […] Mais on le voit, Benjamin Constant, à ce début de sa vie politique, n’était pas nécessairement un opposant ; il ne l’était pas au Directoire, après le coup d’État de fructidor : pourquoi le fut-il au Consulat après le 18 brumaire ? […] Un personnage politique n’est pas exempt de passions assurément ; il peut les avoir toutes, et rester un grand homme d’État.

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