Et cependant, toi, l’ami et l’élève éclairé des sciences ; toi, mon ami, tu cherches avec plus d’ardeur à te faire confondre dans la foule des grands d’un petit État, qu’à obtenir par tes travaux l’estime et l’amitié des véritables grands de la terre ! […] Mandé chez l’avoyer, il s’attendait à ce que celui-ci lui parlât affaires et s’ouvrît avec lui des secrets d’État : il repassait en idée, au moment de l’audience, son Machiavel et son Montesquieu. […] Cette Suisse italienne, conquise peu à peu et par portions, et sujette de la Suisse libre, mais sujette non d’un seul, mais de plusieurs États souverains, offrait alors l’assemblage monstrueux de toutes les corruptions et de tous les abus. […] C’était une administration en commun et par un collège, où chacun des États co-souverains envoyait un fondé de pouvoir. L’agent d’un État considérable, tel que Berne ou Zurich, était d’ordinaire probe, mais indolent ; l’agent d’un petit canton était presque toujours rapace, insolent, insatiable.