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150. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

C’est qu’il est un homme d’État et un homme du monde. Un homme d’État, c’est certainement ce que M. de Meilhan se piquait d’être, et l’on assure qu’il était de ceux qui croyaient avoir une recette pour guérir le mal financier de la France en ces années critiques et pour régénérer la monarchie. […] Un homme doué d’une médiocre intelligence, qui a quelque mémoire et de l’application, peut acquérir une grande réputation, surtout s’il a une physionomie imposante ou spirituelle… Mais il faut distinguer pour l’élévation du génie l’homme d’État d’avec l’homme propre aux affaires. […] Tel nous apparaît à cette date de 1783 cette fleur des intendants de province, l’élève émancipé de Duclos, l’émule en esprit des Rulhière et des Chamfort, avantageux et fat comme Rivarol, un des prétendants hommes d’État et des Pétrones de l’ancienne monarchie, Pétrone un peu roide et un peu apprêté toutefois. […] Le magicien a tout l’air ici de proposer un coup de sa baguette au roi de France autant pour le moins qu’au roi d’Espagne. — Un autre chapitre, jeté dans le même moule, et à la Montesquieu, est encore celui où l’auteur semble prophétiser sur l’Amérique : « Si l’on découvrait une vaste contrée dont le sol neuf et fertile n’attendît que les plus légers travaux, etc. » Les derniers chapitres du livre, ceux surtout qui ont été ajoutés dans la seconde édition, en 1789, à la veille des États généraux, contiennent des idées d’avenir, notamment sur la milice, sur le tirage au sort de tous les citoyens.

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