II. (Suite.)
Les mémoires d’un homme d’État ou de tout autre homme, rédigés par lui-même ou par des personnes à sa dévotion, ne sauraient être acceptés sans contrôle. Il est bien certain qu’on n’écrit pas des mémoires pour s’humilier ni pour se donner tort ; même lorsqu’on a l’air de vouloir confesser ses défauts, on a soin de les montrer par le beau côté. Lorsqu’on parle d’événements considérables où l’on a eu part, on est tenté d’exagérer cette part et de diminuer celle des autres. L’historien, lorsqu’il a pour guide dans la suite du récit un homme d’État qui est très intéressé dans les principales actions et qui les raconte, doit donc, à chaque pas, s’éclairer, s’il se peut, de témoignages différents et contradictoires. Le moraliste, sans négliger l’occasion du contrôle lorsqu’elle se présente, peut plus aisément s’en tenir aux discours mêmes du personnage si ces discours sont de grande étendue et très abondants : car il a moins à s’inquiéter du détail et de l’exposé des faits que de celui qui parle, et il est impossible qu’en parlant si longuement de soi ou de ce qui est autour de soi, on ne se découvre. Les aveux percent, les qualités vraies se déclarent, les prétentions se trahissent. On peut de la sorte atteindre avec certitude les principales formes d’un esprit ou d’un caractère, ce qui doit suffire ; à moins d’information toute particulière et imprévue, le reste est raffinement de curiosité et témérité.
La fortune de Rosny fut lente et laborieuse comme celle de son maître : ses
grands talents et son esprit qui s’annonçaient de bonne heure se
compliquaient de certaines obscurités, de certaines humeurs et bizarreries
auxquelles on aurait pu se méprendre. Jeune, il était déjà propre et entendu
à bien des emplois : le coup d’œil de Henri sut démêler en lui ces capacités
diverses qui étaient comme enveloppées, et son art de roi fut de les
employer à propos alternativement et successivement, tenant de longue main
l’utile serviteur en réserve pour les destinations futures. L’idée que Rosny
donnait de lui à quelques-uns de ceux qui l’approchaient est à noter. Un
jour, dans un temps (1585) où Henri III et sa cour n’avaient pas rompu avec
les protestants, M. de Joyeuse, allant combattre M. d’Elbeuf en Normandie,
emmena Rosny au passage. Mais, pendant l’expédition, survint une dépêche de
la Cour, par laquelle Joyeuse apprenait que le vent avait tourné et que
Henri III refaisait la guerre au roi de Navarre et à ceux de son bord :
s’adressant à Rosny qui était présent quand le paquet arriva, il lui dit en
riant qu’il espérait bien que cela ne changerait rien à son projet, et qu’il
ne serait pas assez fou pour s’embarquer avec le roi de Navarre et perdre de
gaieté de cœur sa belle terre de Rosny. Sur quoi Rosny piqué répliqua que
tout ce procédé conduisait à la grandeur du roi de Navarre bien plus qu’à sa
ruine, et il en revint, selon son usage, à rappeler ce que son diable de précepteur La Brosse lui avait prédit ; puis il sortit
brusquement,
quittant sans autre façon la
compagnie et le parti devenu contraire, pour se mettre en devoir de
rejoindre le sien. « Voilà un maître fol, dit Joyeuse, et qui n’a
peur de rien ; mais il pourrait bien s’abuser avec son sorcier de
maître. »
Un gentilhomme présent, qui connaissait Rosny,
répondit : « Monsieur, ce gentilhomme est brave et a un merveilleux
esprit ; croyez que là où il sera, il vaudra toujours un
homme. »
Un autre jour, quatre ans après (1589), Rosny qui venait de ménager et de
préparer la réconciliation de Henri III et du roi de Navarre, était salué,
en revenant près de ce dernier à Châtellerault, par les acclamations de
tous, et un gentilhomme plus enthousiaste que les autres s’écriait :
« Voyez-vous, mon frère, mon ami, cet homme-là ? Pardieu ! nous
l’adorerons tous, et lui seul rétablira la France ; il y a plus de six
ans que je l’ai dit, et Villandry avait même opinion que moi. »
Ce sont là des mots qui ne s’inventent pas, et qui deviennent des pronostics
après que l’histoire les a confirmés.
Rosny, des plus vaillants soldats et des mieux payant de sa personne, était
employé par Henri, même en guerre, aux emplois qui demandaient autre chose
encore que du courage. À la bataille de Coutras, qui ouvre la grande
carrière de Henri IV (1587), Rosny, avec trois autres officiers, fut chargé
de l’artillerie (deux canons et une couleuvrine), dont le jeu fit merveille
et décida du gain de la bataille23. Henri, qui, à cette
journée de Coutras, venait de prendre rang de capitaine, montra
au lendemain qu’il avait encore à faire pour devenir le
politique qu’on l’a vu depuis. Cette armée victorieuse, à la suite d’une
action si décisive, se démembra aussitôt par la rivalité des chefs, des
princes du sang d’abord, du prince de Condé, du comte de Soissons, et
lui-même, Henri de Navarre, aida à cette désunion des parties en s’en allant
en Béarn présenter de sa main à la comtesse de Guiche, qu’il aimait alors,
les enseignes, cornettes, et autres dépouilles des ennemis, dont il avait
fait un galant trophée : c’est ainsi « qu’au bout de huit jours tous
les fruits espérés d’une si grande et signalée victoire s’en allèrent en
vent et en fumée, et, au lieu de conquérir, l’on vit toutes choses
dépérir »
.
Après la journée des Barricades, la fuite de Henri III de Paris et sa
retraite en Touraine, Rosny est employé, je l’ai dit, à une négociation pour
rapprocher les deux rois : il y réussit ; mais une maladie qui le retient
quelques jours lui ôte l’honneur public de cette œuvre, déjà achevée ou du
moins très avancée. Il en gronde, et ne sait pas bon gré à ceux qui mettent
la dernière main à la même affaire, à Du Plessis-Mornay, qui le supplante
ici au dernier moment. C’est un caractère de Rosny de n’être pas un camarade
facile ni indulgent : il aime son maître, mais il aime peu ceux qui le
servent en concurrence avec lui. Il ne dira pas de bien soit des protestants
zélés, plus attachés que lui à la cause des Églises et à l’esprit
religionnaire, soit des catholiques devenus royalistes à leur corps
défendant, soit du tiers parti et de ces hommes politiques qui
« nagent tant qu’ils peuvent »
, dit-il, « entre
deux eaux »
, Villeroi, Jeannin. Il n’admet guère qu’une manière
d’aimer et de servir l’État et son maître, qui est la sienne. Toute autre
lui paraît suspecte, ou du moins il voudrait nous la rendre telle. Très
jalousé lui-même, il donne l’exemple en jalousant les autres. Il porte
quelque avarice jusque dans l’affection et la
faveur dont il est l’objet, et n’aime à la partager avec personne.
À la guerre, plus habile et plus prudent que bien d’autres, il ne se montre
pas au-dessus des mœurs de son temps. Le butin alors et le pillage étaient
chose avouée et honorée comme légitime, même sur des compatriotes. À la
prise de Cahors, qui fut tant disputée (1580), et qui ne dura pas moins de
trois jours et trois nuits à mener à fin après qu’on eut pénétré dans la
ville, le pillage fut en raison de la peine ; on ne s’y épargna pas :
« Et en votre particulier, disent les secrétaires de Rosny, vous
gagnâtes par le plus grand bonheur du monde une petite boîte de fer que
nous croyons que vous avez encore, que vous baillâtes lors à l’un de
nous quatre à porter, et l’ayant ouverte, trouvâtes quatre mille écus en
or dedans. »
À une première tentative de Henri IV sur Paris
(1589), Rosny donne, avec MM. d’Aumont et de Châtillon, du côté du faubourg
Saint-Germain, « où, ayant enclos entre deux troupes, dans une rue
près la foire de Saint-Germain, plusieurs Parisiens, il en fut tué
quatre cents en un monceau en moins de deux cents pas d’espace. Vous
nous dîtes lors (écrivent les honnêtes secrétaires, dont quelqu’un sans
doute lui servait d’écuyer et était près de lui en ce moment) : “Je suis
las de frapper et ne saurais plus tuer des gens qui ne se défendent
point.” Lors l’on commença à piller ; vous et huit ou dix des vôtres ne
fîtes qu’entrer et sortir dans six ou sept maisons où chacun gagna
quelque chose, et y eûtes par hasard quelque deux ou trois mille écus
qui vous furent baillés pour votre part. »
— De même au sac de
Louviers (1591), où toute la ville fut pillée, des gens du pays qui étaient
parmi les vainqueurs, et qui savaient tous les êtres de l’endroit,
indiquaient les magasins de toiles et de cuirs qui faisaient le fort du
butin : Rosny en eut quelque mille écus pour sa
part. Cette morale en temps de guerre, même chez
des voisins et des compatriotes, ne faisait pas un pli.
Honneur à Henri IV ! en lui apparaît et brille le cœur noble et clément,
élevé au-dessus des cruautés ou des grossièretés de son siècle. Dès qu’il le
peut, il civilise la guerre, il l’humanise. Après la prise de Saint-Maixent,
qui a capitulé (1586), ayant envoyé à l’avance ses maréchaux de logis, il
entre dans la ville, lui, toute sa cour et les gens de guerre, « tout
ainsi que si elle n’eût point été conquise par les armes, toutes les
boutiques y étant trouvées ouvertes, et tous les hommes, femmes et
enfants épandus aux portes et par les rues, criant : Vive le roi ! et
enseignant leurs logis à ceux qu’ils savaient être leurs
hôtes »
. De même à Fontenay en Poitou : après une bonne défense, la
ville se rend et capitule sans vouloir rien mettre par écrit, sans demander
d’otages, mais en se fiant entièrement en la foi et en la parole de Henri
qu’ils savent bien être inviolable : « De quoi ce brave courage se
trouva tellement touché, qu’il accorda tant aux gens de guerre qu’aux
habitants quasi tout ce qu’ils voulurent demander, et le leur fit
observer loyaument, traitant ceux de la ville tout ainsi que si elle
n’eût point été prise par siège. »
Le soin que mettent les
secrétaires de Sully à enregistrer ces actes de clémence et ce nouveau droit
de la guerre, prouve à quel point il était nouveau en effet, et combien il
tranchait sur les mœurs et les habitudes du temps. Sully, qui admire cette
magnanimité, n’en avait rien pour son compte.
Ce n’est pas à dire qu’au siège de Paris (1590) Henri IV, prenant pitié de
ceux mêmes qu’il pressait et qu’il affamait, ait favorisé, comme on l’a
raconté, l’entrée des vivres dans cette capitale, qui était déjà la sienne.
Non : Henri IV n’alla point jusque-là ; voulant se rendre maître de Paris et
couper court le plus tôt possible à la
guerre
civile, il eût été peu raisonnable pour lui d’en agir de la sorte. Ce furent
ses capitaines et ses officiers qui, peu exacts et peu fidèles, non point
par humanité, mais par avarice ou légèreté, permirent sur plus d’un point
l’entrée des vivres « pour en retirer des écharpes, plumes, étoffes,
bas de soie, gants, ceintures, chapeaux de castor et autres telles
galantises »
. Voilà le vrai. S’ensuit-il que la tradition et la
légende aient tout à fait tort ? Je ne le dirai pas. Cette quantité d’actes
de clémence et de générosité que Henri IV prodiguait envers les vaincus se
résumèrent bientôt après dans l’imagination populaire sous la forme de cette
anecdote touchante et un peu fabuleuse. C’est assez que Henri IV ait mérité
qu’on l’inventât après coup à sa louange. L’anecdote de l’entrée des vivres
dans Paris n’est qu’une hyperbole qui suppose un grand fonds de vérité.
Rosny fut au combat d’Arques et à la bataille d’Ivry. Ce qui lui arriva à
cette dernière journée (14 mars 1590) est mémorable. Dans la nuit du 12 au
13, Rosny, qui était en garnison dans Pacy-sur-Eure, vit ou crut voir au
milieu d’un orage « de grands signes au ciel de deux armées fort bien
distinguées, et les hommes et les chevaux aussi se battant
furieusement »
, presque de même qu’il devait le voir ensuite le
lendemain. Le 13 au soir il reçut une lettre du roi tout allègre et
engageante, et qui le pressait de venir, en ces termes :
Mon ami, je ne pensai jamais mieux voir donner une bataille que ce jourd’hui. Mais tout s’est passé en légères escarmouches et à essayer de loger chacun à son avantage. Je m’assure que vous eussiez eu regret toute votre vie de ne vous y être pas trouvé. Parlant, je vous avertis que ce sera pour demain ; car nous sommes si près les uns des autres que nous ne nous en saurions dédire. Je vous conjure donc de venir et d’amener tout ce que vous pourrez, surtout votre compagnie et les deux compagnies d’arquebusiers à cheval de Badet et Jammes, que je vous ai laissées ; car je les connais et m’en veux servir. Adieu, mon ami.
Au reçu de cette lettre, Rosny fit
sonner le boute-selle, monta à cheval avec son monde, et arriva tout juste
une heure et demie avant la bataille. Henri, dès qu’il l’aperçut, lui
ordonna de mettre ses arquebusiers à pied afin qu’ils servissent
d’éclaireurs et d’enfants perdus ; il le plaça, lui, avec sa compagnie de
gens d’armes à son aile droite, et, l’emmenant un moment sur la ligne :
« Tenez avec moi, dit-il, car je vous veux montrer toute la
disposition des deux armées, afin de vous instruire à votre
métier. »
Rosny, même à la guerre, n’est qu’un élève de
Henri IV.
Dans l’action et dans le choc des cavaleries, Rosny fut presque d’abord
renversé avec son cheval, tous deux blessés ; à une seconde charge et monté
sur un autre cheval, il eut ce cheval tué et fut blessé de nouveau. Dans cet
état, le mollet emporté d’un coup de lance, blessé d’un coup de pistolet à
la hanche, et d’un coup d’épée à la tête et à la main, il ne laissa pas de
se relever après quelque étourdissement ; mais il se trouva seul sur le
champ de bataille, n’ayant près de lui aucun des siens, ne sachant où aller
ni que faire. Un cavalier ennemi accourut l’épée au poing pour le tuer (ce
qui était facile, blessé comme il était et sans casque) ; mais il trouva
moyen de se ranger contre un poirier dont les branches étaient si basses et
si étendues que le cavalier ne put que tournoyer à l’entour sans
l’atteindre. Un homme du parti royaliste passa alors menant en main un
cheval, un petit courtaud qu’il avait pris ; Rosny offrit à cet homme
cinquante écus qu’il avait dans sa pochette : « car vous aviez cette
coutume de porter toujours de l’or sur vous lorsque vous alliez aux
combats »
. Monté sur ce courtaud et en assez méchant équipage,
Rosny chercha alors à s’orienter à travers la plaine, lorsqu’il vit venir à
lui un groupe d’ennemis au nombre de sept, dont l’un portait la cornette
blanche
et générale de M. de Mayenne. Rosny,
entendant leur Qui vive ? croyait bien que c’était le
moment de se rendre, lorsqu’au contraire, apprenant son nom et le
reconnaissant, l’un d’eux lui dit :
« Nous vous connaissons bien tous ; nous voulez-vous faire courtoisie et nous sauver la vie ? » — « Comment ! répliqua Rosny, vous parlez comme des gens qui ont perdu la bataille. » — « Est-ce tout ce que vous en savez ? répondirent-ils. Oui, nous l’avons perdue, et si sommes trois qui ne nous saurions retirer, car nos chevaux sont comme morts. »
Voilà donc Rosny vainqueur à l’improviste, et même faisant des prisonniers. Trois pourtant des sept cavaliers, les mieux montés, lui dirent adieu et, donnant de l’éperon, lui échappèrent ; les quatre autres le suivirent, non sans lui avoir mis en main la cornette blanche semée des croix noires de Lorraine, l’étendard principal de l’armée ennemie ; il n’était pas de force à la tenir longtemps, et il fut bientôt obligé de la confier à un page du roi qu’il rencontra. Il a fort à faire dans son retour pour défendre sa capture et pour ramener trois sur quatre des prisonniers : le comte de Thorigny lui en a demandé un qui est son parent, et que Rosny lui cède par courtoisie. M. d’Andelot veut s’emparer de force de la cornette blanche qu’il voit aux mains du page, et qui est une dépouille d’honneur et de profit tout ensemble. Cet acharnement que met d’Andelot, à plusieurs reprises, à voler à Rosny son butin et ses prisonniers pour en tirer rançon et gloire, est un trait de mœurs. Rosny enfin fait si bien qu’il arrive au château d’Anet, s’y maintient avec cornette et prisonniers, et y passe la nuit après y avoir reçu les premiers soins pour ses blessures. Le compliment du maréchal de Biron qui le visite en passant est un autre trait qui montre bien les restes de chevalerie et de féodalité à la Froissart dans cette bataille déjà moderne ; voyant les prisonniers dans la chambre du blessé, et l’étendard conquis près de son chevet :
Adieu, monsieur mon compagnon, lui dit le maréchal ; vous ne devez point plaindre vos plaies ni votre sang répandu, puisque vous remportez une des plus signalées marques d’honneur que saurait désirer un cavalier le jour d’une bataille, et que vous avez là des prisonniers qui vous fourniront de quoi payer vos chevaux tués, faire panser vos blessures, et boire du bon vin pour faire de nouveau sang.
Nous ne sommes pas au bout. Deux jours après, et s’étant fait transporter par eau à Pacy, le blessé victorieux veut retourner à son château de Rosny où est le roi. Ce retour se fait en triomphe et avec une pompe singulière. Au moment où il débouche du côté de Beuron, le cortège est rencontré par la chasse du roi qui est éparse dans la plaine ; on nous a décrit l’ordre et la marche du convoi et de l’ovation. Les secrétaires ont l’air d’en rejeter le trop de solennel sur la vanité de l’écuyer de Rosny appelé Maignan : il est permis de croire qu’il en revient quelque chose au maître.
Premièrement donc, marchaient deux grands chevaux menés en main par deux palefreniers ; puis deux pages montés sur deux autres grands chevaux, l’un desquels était le cheval même de bataille, le grand coursier gris qu’avait monté Rosny, et qui avait été blessé dans la première charge : il avait été retrouvé heureusement, et il décorait la pompe, tout fier de ses nobles blessures. Le page qui le montait avait revêtu la cuirasse de son maître et portait la cornette blanche de l’ennemi ; l’autre page portait les brassards et le casque tout fracassé de Rosny au bout d’un bris de lance ; car, effondré de coups comme il était, il eût été impossible de le mettre en tête. Après eux venait le sieur de Maignan, écuyer (et ordonnateur de la pompe), ayant la tête bandée et un bras en écharpe à cause de deux plaies. Il était suivi du valet de chambre monté sur une haquenée anglaise, lequel portait sur lui la casaque de son maître, casaque de velours orangé à clinquant d’argent, et, en la main droite, des tronçons d’épées, de pistolets et armes diverses, et des lambeaux de panaches, de son maître également, le tout lié en faisceau et formant trophée :
Après cela, disent les secrétaires s’adressant à Rosny, vous veniez dans votre brancard (brancard fait à la hâte de branches d’arbres, surmonté de cercles de tonneaux), couvert d’un linceul seulement ; mais par-dessus, pour parade des plus magnifiques, vos gens avaient fait étendre les quatre casaques de vos prisonniers, qui étaient de velours ras noir, toutes parsemées de croix de Lorraine sans nombre en broderie d’argent ; sur le haut d’icelles les quatre casques de vos prisonniers avec leurs grands panaches blancs et noirs, tout brisés et dépenaillés de coups ; et contre les côtés des cercles étaient pendus leurs épées et pistolets, aucuns brisés et fracassés ; après lequel brancard marchaient vos trois prisonniers, montés sur des bidets, dont l’un, à savoir le sieur d’Aufreville, était fort blessé, lesquels discouraient entre eux de leurs fortunes…
Après les prisonniers venaient le surplus des domestiques, puis la compagnie des gens d’armes et les deux compagnies d’arquebusiers, ou du moins ce qui en restait, non sans plus d’un brancard encore pour les blessés, et sans bien des têtes bandées ou des bras en écharpe : toute une ambulance victorieuse.
C’est ce cortège tout chevaleresque et seigneurial que Henri IV, qui chassait
par la plaine autour de Rosny, rencontra à l’entrée du bourg ; il y
applaudit, il en sourit un peu ; il eut pour son brave serviteur, en
l’embrassant, de bonnes et vives paroles, et de généreuses promesses qu’il
sut tenir avec le temps : « Je n’aurai jamais bonne fortune ni
augmentation de grandeur que vous n’y participiez. »
Rosny, qui aimait le comptant, demandait quelques
jours après le gouvernement de la ville de Mantes, que Henri lui refusait,
de peur d’offenser les catholiques. Irrité du refus, il avait de grosses
paroles avec le roi, « jusqu’à lui reprocher la longueur de ses
services, tant de dépenses faites, de plaies reçues, et de sang
épandu »
. Ici nous avons encore un autre trait du caractère de
Rosny : il est fidèle, il est dévoué, mais il n’est pas désintéressé, et ne
se pique pas d’une certaine délicatesse. Le butin et l’honneur, le
traitement et l’honneur lui semblent trop une seule et même chose ; l’un est
à ses yeux la mesure exacte de l’autre. Peu après ce refus de Mantes, il
demandera le gouvernement de la place de Gisors qu’il a contribué à
recouvrer. Ainsi fera-t-il en toute rencontre, et pour toute place ou
château qu’il aide à reprendre. Il prétend que ce gouvernement de Gisors lui
appartient, et, le roi le lui refusant, toujours par les mêmes raisons de ne
porter ombrage aux seigneurs catholiques, Rosny s’irritera encore, criera au
passe-droit, et fera au roi les mêmes reproches qu’au lendemain d’Ivry :
À tous lesquels reproches, il (le roi) ne vous répondit jamais autre chose sinon : « Je vois bien que vous êtes en colère à cette heure ; nous en parlerons une autre fois » ; et s’en alla d’un autre côté ; puis, vous voyant avoir fait de même, il dit à ceux qui le suivaient : « Il le faut laisser dire, car il est d’humeur prompte, et soudaine, et a même quelque espèce de raison ; néanmoins, il ne fera jamais rien de méchant ni de honteux, car il est homme de bien et aime l’honneur. »
Voilà la mesure des bouderies de Sully, et le mot de Henri sur son compte demeure le vrai.
Rosny est difficile, exigeant, bizarre et pointilleux ; refusé, il gronde, il
se formalise et s’en va. Une bonne parole, une gaieté du roi le rappelle et
le remet en belle humeur. En toute occasion, Henri lui demande de la
patience, du temps, d’aller doucement, peu à peu et
pied à pied : « Vous pouvez vous assurer que, si
je puis un jour être roi et maître absolu, je ferai du bien et de
l’honneur à ceux qui, comme vous, m’auront bien et utilement servi.
Partant, prenez patience aussi bien que moi, et continuez à bien
faire. »
Cette grande et colossale fortune de Sully, ai-je dit,
est lente à se construire et à s’élever : au moment où Henri IV entre dans
Paris et pendant les années qui suivent, il n’est que simple conseiller
d’État. Il faut une adresse et des précautions infinies pour le faire entrer
au Conseil des finances (1596) et pour l’y installer en pied : il n’y
devient maître qu’un an ou deux après. Il est fait grand maître de
l’artillerie en février 1601 ; il ne devient duc de Sully qu’en mars 1606,
quatre ans avant la mort de son maître.
Toutes les gronderies de Sully avec le roi ne sont pas de cette crudité et
dans son intérêt propre : il en est d’adroites et de flatteuses jusque dans
leur rudesse ; il en est de touchantes par le sentiment qui les inspire.
Quand il voit Henri IV, à la veille de régner, s’exposer encore comme le
plus hardi soldat, il est le premier à lui dire : « Hé quoi !
n’avez-vous pas acquis assez de gloire et d’honneur en tant de combats
et batailles, sans vouloir toujours faire ainsi le cheval-léger ? »
À l’affaire d’Aumale (1592) où Henri
s’expose si imprudemment, Rosny est dépêché par les plus fidèles serviteurs
du roi pour lui faire remontrance sur le terrain même et le prier de ne
point se hasarder ainsi sans besoin :
« Sire, ces messieurs qui vous aiment plus que leurs vies, m’ont prié de vous dire qu’ils ont appris des meilleurs capitaines, et de vous plus souvent que de nul autre, qu’il n’y a point d’entreprise plus imprudente et moins utile à un homme de guerre que d’attaquer, étant faible, à la tête d’une armée. » À quoi il vous répondit : « Voilà un discours de gens qui ont peur ; je ne l’eusse pas attendu de vous autres. » — « Il est vrai, Sire, lui repartîtes-vous, mais seulement pour votre personne qui nous est si chère ; que s’il vous plaît vous retirer avec le gros qui a passé le vallon, et nous commander d’aller, pour votre service ou votre contentement, mourir dans cette forêt de piques, vous reconnaîtrez que nous n’avons point de peur pour nos vies, mais seulement pour la vôtre. » Ce propos, comme il vous l’a confessé depuis, lui attendrit le cœur…
Il y a dans ces Mémoires de Sully, et si l’on
en écarte les cérémonies et les lenteurs, des scènes racontées d’une manière
charmante et même naïve. Au siège de Laon, on voit Henri, qui passait les
jours et les nuits à visiter les batteries et les tranchées, faire un soir
la partie d’aller le lendemain à Saint-Lambert, dans la forêt, vers une
métairie de son domaine, « où, étant jeune, il était allé souvent
manger des fruits, du fromage et de la crème, se délectant grandement de
revoir ces lieux-là où il avait été en son bas-âge »
. Après le
dîner qu’il y fait, il se jette sur son lit, ayant cela encore du soldat
capitaine qu’il sommeillait et s’éveillait à volonté. Les serviteurs qui
l’ont accompagné, dont est Rosny, le quittent et vont se promener huit ou
dix ensemble « vers le plus couvert et le plus frais du bois, car
c’était le temps des plus âpres chaleurs de la fin de juin ou
commencement de juillet »
. Mais ils n’ont pas plus tôt fait
quelques centaines de pas qu’ils découvrent à travers les branchages un
grand mouvement de l’armée ennemie, qui s’avance derrière ce rideau pour une
surprise. Revenant alors en toute hâte, Rosny et ses compagnons trouvent le
roi réveillé, « se promenant dans un jardin et venant de hocher un
prunier de damas blanc, qui portait les plus belles et meilleures prunes
(à ce que vous me dîtes me contant tout ceci, écrit le fidèle
secrétaire), que vous ayez jamais mangées ; auquel, en l’abordant, vous
criâtes : “Pardieu, sire, nous venons de voir passer des gens qui
semblent avoir dessein de vous préparer une collation de bien autres
prunes que celles-ci, et un peu plus dures à digérer, si vous ne montez
promptement à cheval pour aller
donner ordre
à votre armée…” »
. — Toute cette scène, le cri soudain de
Henri IV, « Des chevaux ! des chevaux ! »
les ordres qu’il envoie à l’instant, l’alerte donnée aux plus prochains
quartiers, et sa présence d’esprit, son coup d’œil qu’il avait toujours le
plus ferme et le plus judicieux, une fois en selle et l’épée au poing, sont
rendus d’une manière vive et des plus françaises. On entrevoit ce que
pouvait être le récit de Sully revenant dans sa vieillesse sur ces heures
glorieuses. En définitive, et à les voir d’aussi près que possible, le
serviteur et le roi ne semblent pas tellement différents de ceux de la
tradition ; ils sont moins purs, ils sont plus rudes et plus marqués, mais
au fond ils sont les mêmes.
Henri IV aimait à consulter Rosny dans les circonstances décisives, et il le faisait d’ordinaire en secret pour ne pas donner trop d’ombrage et de jalousie aux témoins. Il le consulte notamment sur la grande affaire de sa conversion (février 1593). Un soir, fort tard, dans un de ses campements de la Beauce ou de l’Orléanais, il l’envoya chercher par un secrétaire ; Rosny trouva le roi déjà au lit ; on lui apporta un carreau sur lequel il se mit à genoux contre le lit du roi et près de son oreille. Bon nombre de ces conversations secrètes de Rosny, en ces années, se passèrent dans cette posture de respectueuse confidence. Henri IV lui ayant exposé la question complète telle qu’elle s’agitait alors au sujet de sa religion, et lui ayant recommandé d’y bien réfléchir, lui dit qu’il le renverrait quérir dans trois ou quatre jours ; car c’était la coutume de Rosny, lorsqu’il était consulté par le roi, de demander du temps pour y penser ; il réfléchissait durant plusieurs nuits aux choses sans fermer la paupière, et mettait en ordre avec méthode tout ce qui lui venait dans l’esprit, afin de le déduire ensuite de point en point. Les contemporains ont remarqué qu’il parlait bien. Il apportait ainsi des avis amples et copieux, et où il y avait beaucoup à profiter. C’est ce qu’il fit dans le cas présent : sa réponse à Henri IV est très belle politiquement. Rappelé trois jours après, le soir, il expose au roi que, depuis que les choses de la Ligue et de la rébellion tirent à leur fin, ce ne sont qu’entremetteurs et négociateurs de toutes sortes ; il y en a, pour l’heure, plus de cent qui se font de fête. On périt à force de sauveurs, à force de pacificateurs et de rétablisseurs d’État, la plupart à trois ou quatre visages. Il les compare spirituellement à cette fourmilière de procureurs au Palais, qui nourrissent les procès et qui en vivent. Ce que le roi a de mieux à faire, c’est de ne pas leur donner lieu de s’unir et de s’entendre pour traiter avec lui ; c’est de les lasser et d’avoir bon marché de chacun en détail, en les laissant se diviser et achever de se morceler de plus en plus :
Tant qu’enfin étant tous mal contents les uns des autres, et désespérés de leurs impertinents desseins, il faudra que tout ce qu’il y a de Français parmi eux se vienne jeter entre vos bras par pièces et lopins, comme vous devez désirer, ne reconnaissant que votre seule royauté, ne cherchant protection, appui ni support qu’en elle, ni n’espérant d’obtenir bienfaits, dignités, charges, offices ni bénéfices que de votre seule grâce et libéralité.
Quant au conseil direct de se convertir à la religion catholique, Rosny, tout en l’indiquant assez, s’excuse de ne point le donner en propres termes, n’ayant point qualité de théologien ; mais il marque assez sensiblement qu’il souhaite que le roi y entre, autant que la conscience le lui permettra.
Rosny, en parlant ainsi, ne faisait-il que donner à Henri IV le conseil que celui-ci désirait tout bas et qu’il eût pris sans doute de lui-même ? Je le croirais volontiers : il n’en reste pas moins vrai que Rosny devançait et acceptait le parti le plus juste, le seul possible et le seul suivant l’intérêt de l’État. Il nous a laissé son credo religieux et son symbole, tout chrétien, sans rien d’exclusif. Il était, au fond, plus mal avec la plupart de ses principaux coreligionnaires qu’avec le cardinal Du Perron, de même qu’il était moins bien avec ses collègues, les Villeroi et les Jeannin, qu’avec les Guise, une fois que les Guise se furent réconciliés et convertis à la royauté.
Henri IV destinait de longue main Rosny pour ses finances. La concussion
alors, la vénalité régnait partout ; il fallait la réprimer et la détruire.
Durant le blocus de Paris, c’était une chose presque réglée que des bateaux
chargés de vivres remontaient la Seine par la connivence des gouverneurs des
places riveraines (Mantes, Meulan), que Henri IV avait recouvrées. Rosny, un
jour, fut averti par un de ses gentilshommes qu’au retour un petit bateau
venant de Paris apportait le prix convenu aux susdits gouverneurs, parmi
lesquels était le frère même de Rosny, gouverneur de Mantes. Rosny
s’arrangea si bien qu’il saisit ce précieux bateau qui ne devait pas
renfermer moins de cinquante mille écus. Le compte entier ne s’y trouvant
point (et encore ce qui paraissait n’était qu’en lettres de change), et
Sully s’en plaignant au gentilhomme porteur et qui était le père de celui
même qui avait donné l’avis, tout d’un coup, comme il se promenait dans la
chambre avec ce gentilhomme, il arriva que les poches de celui-ci crevèrent
et qu’il en sortit une traînée d’écus au soleil : « Nous ne nous
amuserons point, disent les secrétaires, à réciter les colères de
monsieur votre frère et de M. de Bellengreville (autre gouverneur), ni
les risées du roi lorsque tout cela fut su. »
Pour couronner le
récit de cette petite affaire, il faut savoir que cet argent de contrebande,
ainsi intercepté par Rosny, ne fit pas retour au roi et fut pour lui de
bonne prise. Ces risées mêmes du roi
nous
montrent d’ailleurs que la moralité des agents publics était alors chose
bien neuve, et que le contraire égayait et ne scandalisait pas. Rosny fut
l’homme qui, le premier, mit ordre à ces licences et qui établit
l’exactitude et la probité dans le service du roi. « Je vous tiens
pour loyal et laborieux »
, lui disait Henri. Esprit actif,
entreprenant, intelligent et courageux, il justifia toute la confiance de
son maître. Au siège de La Fère (1596), Rosny eut à remplir l’office
d’intendant général de l’armée, puis à régler les comptes avec les
fournisseurs qui avaient intéressé dans leur marché plusieurs ministres et
membres du Conseil. Il commençait son rôle d’administrateur intègre,
impitoyable. Il était temps. Henri IV lui écrivait d’Amiens, le
15 avril 1596 :
Je vous veux bien dire l’état où je me trouve réduit, qui est tel que je suis fort proche des ennemis, et n’ai quasi pas un cheval sur lequel je puisse combattre, ni un harnais complet que je puisse endosser ; mes chemises sont toutes déchirées, mes pourpoints troués au coude ; ma marmite est souvent renversée, et depuis deux jours je dîne et soupe chez les uns et les autres, mes pourvoyeurs disant n’avoir plus moyen de rien fournir pour ma table, d’autant qu’il y a plus de six mois qu’ils n’ont reçu d’argent. Partant, jugez si je mérite d’être ainsi traité, et si je dois plus longtemps souffrir que les financiers et trésoriers me fassent mourir de faim, et qu’eux tiennent des tables friandes et bien servies…
Rosny introduit, après bien des retards, dans le Conseil des finances, y trouva une conjuration et complicité tacite des autres membres qui tendaient à le déjouer et à le faire tomber en faute :
Or sus, mon ami, lui avait dit le roi au moment de l’y installer, c’est à ce coup que je me suis résolu de me servir de votre personne aux plus importants Conseils de mes affaires, et surtout en celui de mes finances. Ne me promettez-vous pas d’être bon ménager, et que vous et moi couperons bras et jambes à madame Grivelée, comme vous m’avez dit tant de fois que cela se pouvait faire ?
Madame Grivelée, c’est-à-dire la rapine,
avait, comme la chicane, bien des tours et des retours. Rosny ne tua pas le
monstre, mais il lui rogna les ongles et le mata. Les gens de finances qui
redoutaient en lui un collègue vigilant et qui pressentaient un maître,
l’attaquèrent d’abord et essayèrent de le miner comme un homme qui, n’étant
pas du métier, n’avait que des vues brusques et des saillies impétueuses,
peu sujettes à discussion ; ce n’était qu’un soldat, disait-on, « qui
ne s’était jamais mêlé que de porter une arquebuse et d’endosser un
harnais »
. Il fallait réduire ces contradicteurs au silence, à
l’impuissance, et, pour cela, convaincre le roi, qui était tenté par moments
de croire une moitié au moins de ce qu’on lui disait de toutes parts. Rosny,
par manière d’épreuve, lui demanda de faire une tournée en province avec
autorité de destitution et de remplacement sur les gens de finance. Il
fallut de la ruse, même au roi, pour ménager cette expérience à son
serviteur. Il y eut six commissaires ainsi envoyés par les provinces ;
Rosny, pour sa part, eut quatre généralités à visiter. Durant son voyage,
les membres du Conseil des finances lui détachèrent de Paris mille
crocs-en-jambe et mille obstacles : il ne se rebuta de rien, prit à partie
les officiers qu’il inspectait, de gré ou de force se fit représenter les
comptes de l’année courante et des trois précédentes, examina de près toutes
les prétendues dettes et les arrérages, les titres et obligations de tous
genres, tondit à son tour sur le vif au profit du roi, et fit tant qu’il
rassembla bien cinq cent mille écus :
De toutes lesquelles sommes ainsi par vous recouvertes vous fîtes dresser quatre petits bordereaux pour vos quatre généralités, où étaient spécifiées par recettes et natures de deniers toutes les sommes par vous voiturées, et iceux signés par les huit receveurs généraux des deux années dernières comme leur ayant été mis ès mains par les receveurs particuliers ; lesquels bordereaux vous portâtes toujours sur vous, et vous vinrent bien à propos… Vous aviez un équipage de soixante et dix charrettes chargées, pour ce que vous aviez été contraint de prendre quantité de monnaie ; à la suite desquelles étaient les huit receveurs généraux, accompagnés d’un prévôt et de trente archers pour l’escorte.
C’est à la tête de ce convoi financier d’un nouveau genre que Rosny fit son entrée à Rouen où le roi était alors. Voilà un triomphe qui a son originalité et qui fait le pendant de l’ovation d’Ivry. Financier ou chevalier, l’un et l’autre appareil peignent assez l’homme.