Troisième cours d’études
Une classe de perspective et de dessin.
Parallèle aux deux autres, et commun à tous les élèves pendant toute la durée de leur éducation.
(suite de la Faculté des arts.)
Une classe de perspective et de dessin.
Le dessin est d’une utilité si générale, il provoque si naturellement la naissance de la peinture et de la sculpture, et il est si nécessaire pour juger avec goût des productions de ces deux arts, que je ne suis point étonné que le gouvernement en ait fait une partie de l’éducation publique ; mais point de dessin sans perspective.
Il me vient une idée que peut-être Sa Majesté Impériale ne dédaignera pas : la plupart de ceux qui entrent dans les écoles publiques écrivent si mal, ceux dont le caractère d’écriture était passable, l’ont si bien perdu quand ils en sortent, et il y a si peu d’hommes, même parmi les plus éclairés, qui sachent bien lire, talent toujours si agréable, souvent si nécessaire, que j’estime qu’un maître de lecture et d’écriture ne s’associeraient pas inutilement au professeur de dessin.
La prononciation vicieuse et la mauvaise écriture sont deux défauts très-analogues, c’est bégayer pour les yeux et pour les oreilles.
Nous avons d’excellents principes de dessin gravés, mais il faut donner la préférence aux morceaux de gravure au crayon, de Demarteau ; ils imitent le dessin à la main, à tromper les connaisseurs.
On dessine d’après l’exemple, d’après la bosse et d’après la nature ou le modèle.
Le modèle ne me paraît nécessaire qu’à ceux des élèves qui se feront peintres ou sculpteurs par état ; mais, je le répète, point de dessin sans perspective. Il y a la Grande perspective et l’Abrégé de perspective de Brook Taylor, deux excellents ouvrages.
Mais qui est-ce qui n’habite pas une maison ? qui est-ce qui n’est pas exposé à bâtir et à être volé par un maçon ou par un architecte ? Il n’y a donc pas un citoyen à qui les éléments, je ne dis pas de l’architecture, mais de l’art de bâtir, ne fussent de quelque utilité.
Pour ceux d’architecture, aucun homme puissant ne peut les ignorer, sans consommer un jour des sommes immenses à n’entasser que des masses informes de pierres.
Plus les édifices publics sont durables, plus longtemps ils attestent le bon ou le mauvais goût d’une nation, plus il convient que ceux qui président à cette partie de l’administration aient le goût sûr et grand.
Dans trois mille ans d’ici on verra encore que nous avons été Goths.
Les éléments de l’art de bâtir sont à faire.
Le meilleur ouvrage pour l’enseignement de l’architecture militaire ou civile, ce serait, à mon avis, un grand plan qui représenterait le terrain ou d’une maison, ou d’un hôtel, ou d’un palais ou d’une église. On le creuserait, on poserait les fondements, on élèverait l’édifice assise par assise, jusqu’au faîte ; de là on passerait aux détails de la distribution et de la décoration intérieure, et les élèves s’instruiraient par les yeux, profondément et sans fatigue. C’est ainsi qu’un militaire appelé de Terville donnait des leçons publiques de fortifications et rassemblait autour de lui des hommes de tous les états.
Ces trois cours d’études achevés, le petit nombre des élèves qui les auront suivis jusqu’à la fin, se trouveront sur le seuil des trois grandes facultés, la faculté de médecine, la faculté de droit, la faculté de théologie, et ils s’y trouveront pourvus des connaissances que j’ai appelées primitives, ou propres à toutes les conditions de la société, à l’homme bien élevé, au sujet fidèle, au bon citoyen, toutes préliminaires, et quelques-unes d’entre elles communes aux études des trois facultés dans lesquelles ils voudront entrer91.
Chacune de ces facultés demandant un ordre d’enseignement particulier, je vais m’en occuper.