(1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIX. Du Jardinage & de l’Agriculture. » pp. 379-380
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(1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIX. Du Jardinage & de l’Agriculture. » pp. 379-380

Chapitre XIX.

Du Jardinage & de l’Agriculture.

L’Art de bien ordonner les Jardins étant du ressort de l’Architecture, nous mettons ici la liste des livres nécessaires pour cet art. On a beaucoup écrit sur cette matiere. Les principaux ouvrages auxquels on doit donner la préférence sont l’excellent livre du célébre la Quintinie, publié sous ce titre : Instructions pour les Jardins fruitiers & potagers, traité des orangers & réfléxions sur l’agriculture, à Paris, deux vol. in-4°. ; l’édition de 1756. est fort augmentée.

La Théorie & la pratique du Jardinage, où l’on traite à fonds des beaux Jardins, appellés les Jardins de propreté, comme sont les parterres, les bosquets, les boulingrins, &c. in-4°., à Paris 1739., est un ouvrage utile.

Les matieres les plus intéressantes de l’agriculture sont très-bien traitées par M. Duhamel du Monceau dans les traités qu’il a publiés sur la culture des terres. Cet infatigable Académicien a rendu de services éternels à la France par les découvertes & les expériences qu’il a faites en ce genre.

L’Ami des Hommes de M. le Marquis de Mirabeau est plein de vues & d’idées. Cet excellent livre a été le germe d’une foule de brochures sur l’agriculture, l’économie, politique & la régie des finances. Nous avons vu une multitude d’agromanes, de politiques bourgeois, d’administrateurs sans économie qui vouloient fertiliser la terre avec leur plume, & enrichir l’Etat par leurs absurdes calculs. Cette épidemie avoit gagné tous les écrivains, & des écrivains avoit passé au reste de la nation.

Il est vrai, dit M. Linguet dans ses canaux navigables, que cette étrange espêce de maladie paroît un peu se calmer. Le dégoût est venu à la suite de l’excès. L’ennui du public a fait disparoître toutes ces sottises économiques, comme le froid de l’hiver emporta, dit-on, les vapeurs théatrales des Abderites. On s’est lassé d’écouter tous ces apôtres politiques, qui prêchant sans mission une réforme rigoureuse, se livroient à des déclamations empoulées & avoient presque toujours le défaut impardonnable d’être fort ennuyeux.