(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 497
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 497

PESAY, [N. Marquis de] Mestre de Camp de Dragons, Chevalier de St. Louis, mort près de Blois en 1777.

Les Journaux ont rendu le compte le plus flatteur de son petit Poëme de Zélis au bain, dont les tableaux, à trop de mollesse près, ne sauroient être plus agréables, ni le coloris plus brillant. Le plan auroit pu, dit-on, être mieux dessiné, & l’exécution plus soutenue ; ce qu’il y a de certain, c’est que la touche n’en sauroit être plus élégante. Les autres Poésies de M. le Marquis de Pesay offrent de l’esprit, de la délicatesse, de la facilité, des graces ; il ne leur manque, à notre avis, que plus de naturel & de sentiment. L’Epître à la Maîtresse que j’aurai, est d’un ton léger & piquant.

Le style de ce Poëte seroit plus constamment agréable, si la frivolité actuelle ne s’y faisoit trop sentir. Cette tournure d’esprit est vraiment un moyen assuré de plaire, parce qu’elle flatte le goût dominant ; mais est-elle un titre solide pour les suffrages de la Postérité ? Corneille, Racine, Despréaux, Lafontaine, Chaulieu, se sont-ils bornes à cette mince superficie ? Les talens de M. de Pesay n’eussent-ils pas été plus utilement employés pour sa gloire, s’il les eût appliqués à des objets moins frivoles & plus capables de les développer ?

Cet Auteur s’est attaché, dans sa Prose, à des objets plus graves, & les a traités du style qui leur est propre. Le plus connu de ses Ouvrages en ce genre, est l’Histoire des Campagnes de M. de Maillebois en Italie, pendant les années 1745 & 1746. Ce n’est pas à nous qu’il appartient d’en juger le fond : nous dirons seulement que la forme en est méthodique, & la diction pure, élégante, toujours proportionnée au sujet ; qualité précieuse, & qui n’est le partage que des bons Ecrivains.