(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 464
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 464

PASSERAT, [Jean] Professeur d’Eloquence au Collége Royal, à Paris, né à Troies en Champagne, en 1534, mort à Paris en 1602.

Le nom de cet Auteur se soutient encore sur les débris de sa réputation, pour avoir cultivé les Lettres, dans un temps où elles étoient encore plongées dans la barbarie. Son zele ne contribua pas peu à en faire naître le goût parmi ses Contemporains, qui venoient de toute part l’entendre expliquer les Auteurs Grecs & Latins. A juger du caractere de son esprit par ses Ouvrages, il l’avoit délicat, orné, facile, & fort gai. C’étoit une espece de Rabelais, sans avoir le même génie pour la plaisanterie ; son ame seule étoit d’une trempe semblable à celle du Curé de Meudon. Ses Poésies Françoises fourmillent de Latinismes, & n’ont de mérite que celui de la naïveté, naïveté bien au dessous de celle de Marot qu’il avoit voulu aussi imiter. Ses Vers Latins sont moins mauvais, & on ne fait cas que de ses Epigrammes. On lit cependant encore avec une sorte de plaisir ses Harangues Latines, dans lesquelles on remarque un style épigrammatique, qu’on lui pardonne en faveur de la finesse des pensées & de la pureté de sa diction. Le meilleur de tous ses Ouvrages est un Commentaire sur Catulle, Tibulle & Properce ; car sa Traduction des trois Livres de la Bibliotheque d’Apollodore n’est pas lisible, tant le style en est barbare.

Passerat composa lui-même son Epitaphe, qui finit ainsi.

Amis, de mauvais Vers ne chargez pas ma tombe.