(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » p. 435
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » p. 435

2. OUDIN, [François] Jésuite, né à Vignory en Champagne en 1673, mort à Dijon en 1752, celui de tous les Auteurs de son nom, qui est le plus connu & mérite le plus de l’être. Une mémoire prodigieuse, une grande application à l’étude, beaucoup de jugement & de justesse dans l’esprit, une érudition vaste, du talent, mais trop de facilité pour la Poésie, voilà ce qui caractérise ce Littérateur. Ses Poëmes Latins, sur les Songes & sur le Feu, réunissent la beauté du style à la fécondité de l’invention. Ses Odes & ses Hymnes ne sont pas, à beaucoup près, comparables à ces deux Ouvrages. Il a aussi composé des Dissertations sur plusieurs objets d’Eloquence & de Poésie, où les Critiques sont justes & les Remarques instructives. Nous ne parlerons point de ses Ouvrages sur des matieres de Religion, que nous ne connoissons que par le titre. Nous dirons seulement qu’un Petit-Maître incrédule lui proposa un jour de disputer avec lui, & qu’il s’en défendit, en disant qu’il avoit toujours évité les disputes sur les points essentiels de la Foi. Je suis du moins bien aise, lui répliqua le jeune homme, de vous apprendre que je suis Athée. Le Jésuite le regarda alors en gardant un profond silence. Qu’ai-je donc de si singulier, lui dit le redoutable Antagoniste ? Je regarde, lui repartit le P. Oudin, l’animal qu’on nomme Athée, & que je n’avois jamais vu. Cette réponse fit disparoître l’animal, qui n’osa lui répliquer un mot.