(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 423-424
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 423-424

NOUGARET, [Pierre-Jean-Baptiste] né à la Rochelle en 1742.

La quantité de ses petits Ouvrages en Vers & en Prose est trop grande, pour qu’aucun soit capable de lui faire une solide réputation, quoiqu’ils annoncent en général de l’esprit, de la littérature, la connoissance du monde, & le talent d’écrire avec facilité. Il eût mieux fait de ne pas voltiger sur tant d’objets différens, & de s’attacher à un seul genre, pour le conduire à sa perfection. Rien de si ordinaire aujourd’hui, que de voir des Auteurs nés avec des talens, les égarer par un essor trop prompt, ou les affoiblir par la diversité des matieres qu’ils embrassent. Quiconque ambitionne des succès durables, doit, avant toutes choses, nourrir son esprit par de bonnes lectures, le former par la réflexion, lui donner le temps de se fortifier & de mûrir, & ne point s’élancer dans la carriere, avant de la bien connoître & d’être en état de la parcourir. A quoi tend la multitude des Productions ? Elle ne prouve qu’une facilité foible & toujours voisine de la stérilité.

M. Nougaret a fait des Comédies, des Pastorales, des Histoires, des Contes, des Romans, des Odes, des Héroïdes, &c. ; tout cela a disparu comme de légers éclairs qui ne laissent aucune trace de leur existence. N’eût-il pas mieux valu pour sa gloire, nous le répétons, qu’il se fût borné à un seul genre, & eût employé, pour s’y former, tout le temps qu’il a perdu à composer des Brochures éphémeres ?