(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » p. 416
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » p. 416

NOBLE, [Eustache le] Procureur-Général du Parlement de Metz, né à Troies en 1643, mort à Paris en 1711.

Il eut le malheur de se voir destitué de sa Charge, pour un crime de faux auquel ses dissipations l’avoient conduit ; & la gloire des Lettres, qui d’ailleurs ne remplace jamais celle de la probité, ne le dédommage pas du tort qu’il fit par là à sa réputation. En lisant néanmoins ses Ouvrages, qui sont en très-grand nombre, on ne peut s’empêcher d’être étonné du feu, de l’imagination, & de la fécondité qu’il avoit reçues de la Nature. Presque toutes les parties des Belles-Lettres ont été de son ressort ; l’Histoire, la Politique, la Morale, la Religion, l’Art de traduire en Vers & en Prose, le genre romanesque, la Comédie, la Poésie légere, exercerent tour à tour sa plume, & ses Ouvrages eurent le plus grand débit. Depuis long-temps on ne les lit plus, parce qu’ils sont écrits, en général, d’un style diffus, incorrect, rampant, principes certains de chute sans retour.

Il sera bon de faire remarquer que cet Auteur, malgré la médiocrité de ses talens, avoit fait gagner plus de cent mille écus à son Libraire, & qu’il termina sa vie dans la plus affreuse pauvreté. Sic vos non vobis mellificatis apes.