NEVERS, [Philippe-Julien Mancini, Duc de] Chevalier des Ordres du Roi, mort en 1707.
S’il eût fait de la Poésie son occupation, comme il en fit son amusement, il eût pu égaler nos meilleurs Poëtes. Tout le monde connoît les Vers de ce Seigneur au fameux Abbé de Rancé, qui avoit écrit contre M. de Fénélon. L’énergie du style annonce une imagination aussi vive que féconde.
Si M. le Duc de Nevers protégea la Phédre de Pradon contre celle de Racine, ce fut moins par défaut de goût, que pour complaire à Madame Deshoulieres, & à quelques autres Beaux-Esprits, qui, par leurs souplesses, avoient su l’intéresser dans leur querelle. Il étoit d’ailleurs trop éclairé, pour ne pas apercevoir l’énorme intervalle qui séparoit ces deux Poëtes, & pour ne pas sentir qu’un Mécène n’a pas plus le crédit de faire valoir un Auteur médiocre, que les Auteurs médiocres n’ont celui d’illustrer leurs Mécènes.