NESMOND, [Henri de] Archevêque de Toulouse, mort en 1727, succéda à Fléchier dans l’Académie Françoise, & ne dut pas tout-à-fait ce choix à sa naissance & à sa dignité. On trouve, dans le Recueil de ses Œuvres, quatre Sermons prononcés à l’assemblée des Etats de Languedoc, deux Instructions pastorales, un grand nombre de Harangues, qui, sans égaler l’éloquence des Discours de son prédécesseur, prouvent qu’il avoit du goût & des talens pour la Littérature. Sa maniere de s’énoncer est simple, noble, soutenue, persuasive, éloignée des vains ornemens ; mais elle manque souvent de chaleur.
Des personnes qui ont vécu familiérement avec lui, nous ont assuré qu’il avoit un talent singulier pour la Poésie ; mais qu’il eut la sagesse de sacrifier la gloire qu’il auroit pu acquérir sur le Parnasse, à la gloire plus solide d’instruire ses Diocésains, conformément aux devoirs de l’Episcopat. Il ne faisoit des Vers que lorsque, dans la Société, les circonstances les lui arrachoient, pour ainsi dire. Ceux-ci furent faits pour une Dame un peu coquette, qui lui demandoit un couplet de Chanson.
Sur l’air : de Joconde.
Iris, vous comprendrez un jourLe tort que vous vous faites :Le mépris suit de près l’amourQu’inspirent les Coquettes.Songez à vous faire estimer,Plus qu’à vous rendre aimable :Le faux honneur de tout charmer,Détruit le véritable.
Nous ne les citons que parce qu’ils paroissent propres à donner une idée de sa Muse, & que la morale n’est pas indigne de la gravité de son caractere.