(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 395
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 395

MURET, [Marc-Antoine] Professeur au Collége du Cardinal le Moine, à Paris, né à Muret, près de Limoges, en 1526, mort à Rome en 1585.

Cet Auteur a joui d’une grande réputation, & mérite d’en conserver encore dans les Colléges, aussi bien que parmi ceux qui sont capables de juger de la bonne latinité. Il imite parfaitement le tour d’expression, le nombre, & l’abondance quelquefois verbeuse de Cicéron, qu’il s’étoit proposé pour modele ; mais il n’a ni la force, ni l’éloquence, ni la richesse des pensées de l’Orateur Romain. Ses Vers, comme sa Prose, sont marqués au coin de la bonne latinité. S’ils ne manquoient pas d’invention & souvent de naturel, ils ne seroient pas indignes de la place qu’ils occupent dans la belle édition des Poëtes Latins, donnée par Barbou. Ce qu’on doit le plus estimer de Muret, peut se réduire à ses Notes sur Térence, Horace, Catulle, Cicéron, Tacite, Salluste, &c., qui fournissent de bonnes instructions.

Muret fut heureux d’entendre le Latin, si ce qu’on raconte de lui est vrai. Se trouvant dans un Hôpital entre deux Médecins qui ne le connoissoient pas plus que sa maladie, il leur entendit dire : Faciamus experimentum in animâ vili. Effrayé de la sentence, il prit aussi-tôt le parti de se soustraire à l’expérience de ces Messieurs, & leur dit avec indignation : Vilem animam appellatis pro quâ Christus mortuus est ? Puis il prit la fuite ; recette plus heureuse pour lui que tous les remedes.