MURAT, [Henriette-Julie de Castelnau, Comtesse de] morte en 1716, âgée de 45 ans.
Elle étoit de la Cour de Madame la Duchesse du Maine, & a laissé plusieurs Ouvrages qui font conjecturer qu’elle devoit en être l’ornement par les charmes de son esprit. On a réimprimé, depuis peu, un de ses Romans, intitulé, les Lutins de Kernosi, où l’esprit, l’imagination & les graces du style se disputent l’avantage de plaire au Lecteur. Il ne faut pas confondre ses Contes de Fée, recueillis en deux vol. in-12, avec les Productions frivoles de ce genre ; les siens offrent, à travers le voile d’une agréable fiction, une morale d’autant plus piquante, qu’elle est appuyée sur une connoissance profonde du monde, sur-tout de la Cour, & sont écrits avec une délicatesse & une correction qu’il est rare de rencontrer dans des Ouvrages plus sérieux.
Les Chansons & les autres Poésies de Madame la Comtesse de Murat ne font pas moins d’honneur à son esprit. On peut en juger par ce Madrigal qu’on a mis en musique, & qu’Anacréon n’eût pas désavoué.
Faut-il être tant volage,Ai-je dit au doux Plaisir ?Tu nous fuis, las ! quel dommage !Dès qu’on a pu te saisir.Ce Plaisir tant regrettableMe répond : Rends graces aux Dieux ;S’ils m’avoient fait plus durable,Ils m’auroient gardé pour eux.
Au reste, nous avions déjà parlé de cette Muse sous le nom de Castelnau ; mais comme elle est plus connue sous celui de Murat, & que d’ailleurs nous n’avions dit qu’un mot de ses Productions, nous avons cru devoir consacrer ce nouvel article à sa mémoire.