(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 359
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 359

MONTMAUR, [Pierre de] Professeur Royal en Langue Grecque au Collége de Cambrai, à Paris, né dans le Limousin, d’autres* disent dans la Marche, mort à Paris en 1648.

Sans les Vers** de Boileau, qui parlent de lui, sa mémoire seroit peut-être oubliée ; car ses Poésies, comme ces Pieces fugitives que nos petits Auteurs voient réguliérement périr le lendemain de leur naissance, ne sont pas dignes d’entrer dans aucun Recueil intéressant. Montmaur avoit cependant de l’esprit, mais un esprit satirique qui ne respectoit rien, ce qui lui attira l’inimitié de tous les Gens de Lettres. Son talent principal consistoit à disserter sur tous les Ouvrages nouveaux nouveaux, à les critiquer sans ménagement, à tourner en ridicule les Auteurs, à amuser les Sociétés où sa malignité le faisoit rechercher : pauvre genre de distinction, qui fait le seul mérite de tant d’Aristarques ambulans, dont les lumieres se bornent à prononcer, dans les Cafés & autres Bureaux d’esprit, sur tout ce qui paroît ; Etres déterminés à ne rien approuver que ce qui est marqué au coin des Fabriques qu’ils protégent, mais dont le Public rejette les censures, comme il ignore leur existence.

Montmaur étoit fameux encore par un autre endroit que ces Messieurs voudroient pouvoir imiter : il ne mangeoit jamais chez lui. De là, cette réputation de parasite qu’il croyoit détruire, en disant à Liniere, qui lui en faisoit un reproche : Je ne puis me défendre, on me presse. Il est vrai, lui répondit Liniere, que la faim est un puissant aiguillon.