(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 203-204
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 203-204

MANGENOT, [Louis] Chanoine du Temple, né à Paris en 1694, mort dans la même ville en 1768.

Poëte dont nous avons peu de Poésies, encore sont-elles toutes médiocres, excepté néanmoins son Eglogue du Rendez-vous, où il s’est montré supérieur à tout ce que MM. de Fontenelle & la Mothe ont fait de meilleur en ce genre. Style élégant & naturel, narration simple & intéressante, sentiments vrais & délicats, toutes les graces enfin qui peuvent parer un petit Ouvrage, s’y trouvent agréablement réunies. Ces qualités manquent absolument à une seconde Eglogue qu’il a faire, intitulée les Confidences, ainsi qu’à ses autres petites Pieces.

Nous ne connoissons, de M. l’Abbé Mangenot, aucun Ouvrage en prose, à moins qu’on ne veuille regarder comme un Ouvrage son Histoire abrégée de la Poésie Françoise, plaisanterie aussi juste qu’agréable, où il seroit difficile de trouver beaucoup de fautes, car elle se réduit à une demi-page. La voici.

Histoire abrégée de la Poésie Françoise.

« La Poésie Françoise, sous Ronsard & sous Baïf, étoit un enfant au berceau, dont on ignoroit jusqu’au sexe. Malherbe le soupçonna mâle, & lui fit prendre la robe virile. Corneille en fit un Héros. Racine en fit une femme adorable & sensible. Quinault en fit une courtisanne, pour la rendre digne d’épouser Lully, & la peignit si bien sous le masque, que le sévere Boileau s’y trompa, & condamna Quinault à l’Enfer, & sa Muse aux prisons de St. Martin. A l’égard de Voltaire, il en a fait un excellent Ecolier de Rhétorique, qui lutte contre tous ceux qu’il croit Empereurs de sa classe, & qu’aucun de ses pareils n’ose entreprendre de dégoter, se contentant de s’en rapporter au jugement de la Postérité, unique & seul Préfet des études de tous les Siecles ».