(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 173-174
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 173-174

MAILLET, [N. de] mort à Marseille en 1738, après avoir été Consul au Grand-Caire.

Les Gens sensés ont toujours regardé son Telliamed *, comme l’Ouvrage le plus absurde & le plus extravagant. Il suffit d’en indiquer le systême, pour en faire sentir tout le délire. Le principal objet de l’Auteur est d’expliquer, par des conjectures bizarres, les différentes révolutions de notre Globe. Selon lui, les montagnes les plus élevées sont sorties des eaux, & la génération des hommes a commencé par des poissons. Il a avancé mille autres chimeres, qui sont évidemment les Productions d’un cerveau exalté par la chaleur du climat qu’il a long-temps habité.

Malgré cela, son Livre a fait une espece de fortune, précisément parce qu’il est original, bizarre, hardi, éloigné de la maniere de penser ordinaire ; moyen assuré de faire impression sur la multitude des Lecteurs inconsidérés.

Quelques-uns de nos Philosophes ont tâché de le rendre un peu plus supportable, en le corrigeant. Ils n’ont fait, en cela, que dévoiler l’inquiétude & la manie qui les portent à adopter ce qui contredit les opinions communes. Après tout, les Auteurs où ils ont puisé les rêveries qu’ils débitent, ne valent guere mieux que Telliamed.