(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 135-136
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 135-136

LINANT, [Michel] né à Louvier, en 1709, mort en 1749.

Malgré la réclamation d’un de ses amis*, au zele duquel nous applaudissons, nous ne changerons rien à ce que nous avons dit. M. Linant sera toujours, à notre jugement, un de ces esprits subalternes, qui ne savent exister qu’en s’attachant, pour ainsi dire, au service de quelques Hommes célebres. Il a été un des protégés de M. de Voltaire, & peut-être un des plus reconnoissans ; car il n’a cessé de chanter ses louanges & ses bienfaits, dans plusieurs Odes assez froides, & dans la Préface d’une édition qu’il a donnée de la Henriade, où son Génie tutélaire est célébré avec enthousiasme. On a dit que M. de Voltaire avoit pris soin de former ses talens. Il paroît, ou que le Maître n’étoit pas difficile sur le choix de ses Eleves, ou que l’Eleve a bien peu profité des soins du Maître ; car les Poésies de M. Linant sont très-médiocres, si l’on en excepte le Madrigal que voici, où l’on trouvera un éloge délicat & fin du château de Cirey, & de l’illustre Marquise du Châtelet qui l’habitoit alors :

Un Voyageur qui ne mentoit jamais,
Passe à Cirey, l’admire, le contemple ;
Il croit pourtant que ce n’est qu’un Palais ;
Mais voyant Emilie : Ah ! dit-il, c’est un Temple.