LÉGIER, [N.] né en Franche-Comté en 1731.
Les Productions de sa Muse avoient été enterrées au hasard, jusqu’en 1769, dans différens Journaux. On peut dire que le Recueil donné au Public, cette même année, par M. Légier, sous le titre d’Amusemens Poétiques, les a toutes réunies dans le même tombeau. Nous ne croyons pas aggraver, par cette expression, le sort de cette triste famille, destinée à vivre peu de temps, étant le fruit d’une Muse froide, foible & décharnée, dont la postérité ne pouvoit être qu’éphémere.
M. Légier a été aussi malheureux du côté du Théatre. Il a donné aux Italiens, en 1763, une Comédie intitulée le Rendez-vous inutile, qui fut un Rendez-vous très-fâcheux pour lui, puisque sa Piece fut sifflée. Sa Comédie des Protégés a été plus heureuse, en ce qu’on lui a épargné, dit-on, les disgraces de la Scène.
Il ne faut pas conclure de là, que ce Poëte soit sans esprit. Il montre quelquefois de l’imagination dans l’invention des sujets, des traits pétillans, des pensées ingénieuses ; mais l’esprit, sans le talent, ne procura jamais de succès, & le talent ne se fit jamais sentir dans des Vers assez communément prosaïques, sans grace, & péniblement travaillés. Ce n’est point l’abeille légere qui se joue sur les fleurs pour y préparer son miel ; c’est la fourmi qui voiture laborieusement les minces denrées qui doivent former son magasin.