LANCELOT, [Dom Claude] Bénédictin, né à Paris en 1615, mort en 1695 ; un de ces Littérateurs, qui, sans avoir une réputation brillante, n’en ont pas moins rendu aux Lettres des services très-intéressans.
Ses excellentes Grammaires font d’un grand secours, pour faciliter à la Jeunesse la connoissance du Grec & du Latin. C’est à lui que nous devons la Nouvelle Méthode pour apprendre la Langue Latine, ainsi que l’Abrégé de ces deux Méthodes connues sous le nom de Port-Royal. On voit, par ces Ouvrages élementaires, devenus classiques, que personne ne connoissoit mieux le mécanisme de la langue d’Homere & de celle de Virgile.
Le Jardin des Racines Grecques, du même Auteur, est un des Livres les plus propres à faciliter l’intelligence de cette Langue, si peu cultivée aujourd’hui. Ce n’est donc pas faute de secours qu’on néglige si fort les Auteurs Grecs. Il seroit inutile d’inviter à cette étude la plus grande partie de nos Littérateurs actuels. Ils sont décidés à ne vouloir les connoître que dans les Traductions ; encore la plupart ignorent-ils qu’elles existent. La facilité de se faire une réputation chez les esprits frivoles, les dispense de tout travail. Mais il est encore temps d’apprendre aux jeunes gens, susceptibles d’être dirigés vers les sources du génie, qu’on ne peut devenir un grand Homme, qu’en s’attachant à la lecture des grands Modeles, & que ce n’est qu’en allumant son flambeau aux rayons du soleil, qu’on peut, comme Prométhée, communiquer à ses Ouvrages le feu qui leur donne la vie.