(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 515-516
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 515-516

JACQUIN, [Armand-Pierre] Abbé, des Académies de Rouen, de Metz & d’Arras, né à Amiens en 1721.

Ses Entretiens sur les Romans, & ses autres Ouvrages littéraires, annoncent des connoissances, le talent d’écrire, sans avoir rien qui les distingue de cette foule de Productions qui se perdent dans le Public.

Ce qu’il a fait de mieux, sont deux volumes de Sermons pour l’Avent & le Carême, où l’onction & le zele caractérisent cet Orateur Chrétien. On n’y trouve point, à la vérité, ces traits de force qui étonnent l’Auditeur, ces tableaux énergiques qui le frappent, ces grands mouvemens qui l’entraînent : mais il est aussi très-éloigné de cette affectation de descriptions frivoles, plus propres à amuser qu’à instruire ; de ces portraits où l’on s’occupe plus du coloris, que de la vérité ; de cette recherche d’esprit qui éteint le feu de l’action, & invite à croire qu’on n’est pas plus persuadé soi-même, qu’on ne s’inquiete de persuader les autres ; de ces pensées plus fines que solides ; de ces tours plus brillans que naturels ; de ces expressions plus mondaines qu’oratoires ; ressources indignes de la majesté de la Chaire, & plus ajustées au ton des fauteuils académiques, où le sommeil de celui qui parle, est le précurseur de celui des personnes qui écoutent. Ses Discours offrent de la méthode, de la clarté, quelquefois de la véhémence, de la douceur, toujours du naturel. M. l’Abbé Jacquin paroît s’être formé sur Cheminais. Il n’a pas un caractere aussi marqué, ni une éloquence aussi soutenue que son modele ; malgré cela, il intéresse à la lecture. Il paroît persuadé de tout ce qu’il dit ; & ce mérite, si rare aujourd’hui, exige qu’on lui fasse grace de ce qui lui manque.