2. HABERT, [Philippe] Commissaire d’Artillerie, un des premiers qui furent reçus à l’Académie Françoise, né à Paris en 1603, mort en 1637, d’une autre famille que les précédens.
Nous connoissons de lui un Poëme de trois cents Vers, intitulé le Temple de la Mort, où l’harmonie se fait sentir autant que la verve, & où le langage est beaucoup plus pur que dans la plupart des Ouvrages de son temps & même de celui-ci ; ce qui prouve qu’il avoit du génie, & qu’il auroit pu porter plus loin la perfection de ses talens, si la mort n’eût abrégé sa carriere. On sera étonné du début de son Poëme, sur-tout si on se rappelle que Despréaux & Racine n’étoient pas nés quand il parut.
Sous ces climats glacés où le flambeau du MondeEspand avec regret sa lumiere féconde,Dans une Isle secrete est un vallon affreux,Qui n’eut jamais du Ciel un regard amoureux.Là, sur de vieux cyprès dépouillés de verdure.Nichent tous les oiseaux du malheureux augure ;La terre, pour toute herbe, y produit des poisons,Et l’hiver y tient lieu de toutes les saisons.Mille sources de sang y font mille rivieres, &c.
3. HABERT, [Germain] Abbé & Comte de Cérisy, de l’Académie Françoise, mort à Paris, sa patrie, en 1655, frere du précédent, & aussi bon Poëte que lui.
Le plus distingué de ses Ouvrages est la Métamorphose des yeux d’Iris changés en Astres, Poëme d’environ sept cents Vers, digne de figurer à côté des meilleures Métamorphoses d’Ovide, soit pour l’invention, qui en est aussi ingénieuse que féconde, soit pour la Poésie, qui est noble, coulante, pleine de chaleur & de sentiment, mais où le goût de l’antithese & des pointes se montre avec trop d’affectation.