(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 461-462
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 461-462

GUENEBAULD, [Jean] Médecin, né à Dijon, mort dans la même ville en 1630.

On a de cet Auteur un Ouvrage de près de 200 pages in- 4°. intitulé, Le Réveil de Chindonax, Prince des Vacies, Druides, Celtiques, Dijonnois, avec la Sainteté, religion & diversité des cérémonies observées aux anciennes sépultures. Ce Livre est une preuve frappante de l’intempérance des conjectures où se portent les enthousiastes de l’antiquité. On avoit trouvé dans une vigne appartenante à M. de Guenebauld, un tombeau de pierre où étoit une inscription Grecque qu’on a traduite ainsi :

« Dans le Bocage de Mithra, ce Tombeau couvre le corps de Chindonax, Grand-Prêtre. Retire-toi, impie, car les Dieux sauveurs gardent mes cendres. »

Il n’en a pas fallu davantage pour faire, sur des preuves très-légeres, de ce Chindonax, un Prince des Vacies, des Druides, des Celtes, des Dijonnois, & pour amener un Traité de la Sainteté, de la Religion, des diverses cérémonies observées aux anciennes sépultures. Il peut y avoir des recherches utiles dans ce Traité ; mais on conviendra que, d’après la seule inscription, il faut avoir bien du courage, pour faire de Chindonax un Prince des Vacies, des Druides, &c. Quoi qu’il en soit, nous remarquerons au sujet de cette découverte, que M. Guenebauld ne fut pas le seul qui s’en enthousiasma. Casaubon alla exprès de Geneve à Dijon, pour voir ce monument : le Président de Thou voulut l’acheter. Le Docteur ne put s’en détacher qu’en faveur du Cardinal de Richelieu, qui lui donna en échange la Charge de Bailli de l’Abbaye de Cîteaux, d’une utilité plus réelle. Après la mort du Cardinal, ce tombeau passa entre les mains de Gaston, Duc d’Orléans. Depuis ce temps-là, on ne sait ce que cette pierre est devenue. M. l’Abbé le Bœuf, très-avide, comme on sait, de ces sortes de morceaux, assure cependant l’avoir vue dans la basse-cour d’un Curé, près de Versailles, où elle sert d’abreuvoir. C’est ainsi que tout dépérit dans la vie.