GOULU, [Jean] Général de l’Ordre des Feuillans, né à Paris en 1576, mort dans la même ville en 1629.
Ce n’étoit pas la peine qu’il se fît connoître dans la République des Lettres par un démêlé tel que celui qu’il eut avec Balzac. La fermentation de son esprit, plus fait pour la solitude & le recueillement, que pour l’escrime littéraire, ne produisit que des Libelles aussi absurdes que platement écrits. Ils sont oubliés aujourd’hui pour l’honneur de sa politesse : ses Vers & ses Traductions le sont aussi pour l’honneur de sa littérature.
GOURCY, [N. de] Abbé, Vicaire Général de Bordeaux, de l’Académie de Nancy, né en 17..
L’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres a couronné deux de ses Ouvrages, dont l’un est l’Histoire philosophique & politique des Loix de Licurgue : l’autre roule sur cette question : Quel fut l’état des personnes en France sous les deux premieres Races, &c. ? L’Académie Françoise n’a pas jugé à propos de couronner de même son Eloge de Descartes, mais elle l’a fait imprimer.
Ces titres ne seroient pas suffisans pour prétendre à une réputation solide, si M. l’Abbé de Gourcy n’annonçoit d’ailleurs des talens capables de se développer dans la suite d’une maniere plus avantageuse. Dans les trois Ouvrages dont nous venons de parler, il paroît instruit, judicieux, méthodique, & capable de rendre ses connoissances utiles ; ses idées sont nettes, son style est simple. Il n’a donc besoin que d’acquérir un peu plus de vivacité & de précision, quand même il se borneroit à des discussions érudites. Il est d’autant plus naturel d’espérer qu’il acquerra ces deux qualités essentielles, qu’il paroît avoir du goût pour les bons modeles & du zele pour les défendre. On peut en juger par une petite Brochure de sa composition, intitulée Rousseau vengé, où il défend ce grand Poëte contre un petit Auteur parvenu de chute en chute au Fauteuil académique.
M. l’Abbé de Gourcy a publié depuis un Essai sur le bonheur, qui mérite d’être lu par les personnes qui désirent de tirer le plus grand parti possible des avantages & des inconvéniens attachés à la vie de ce bas monde. Il y examine si l’on peut aspirer à un vrai bonheur sur la terre, jusqu’à quel point ce bonheur dépend de nous, & quel chemin y conduit. Peu content d’exposer ses propres idées, qui nous ont paru solides & toujours conformes à la saine Morale, il a rassemblé dans cet Essai ce que nos Ecrivains les plus célebres ont écrit de plus ingénieux sur le bonheur, & qu’un d’entre eux définit le passage d’un état agréable à un plus agréable. D’après cette définition, l’homme le plus favorisé de la Nature & de la fortune ne sauroit être long-temps heureux.