GOMBERVILLE, [Marin le Roi, sieur de] de l’Académie Françoise, né dans le Diocese de Paris en 1600, mort en 1674.
Si les louanges des Contemporains pouvoient assurer l’immortalité, cet Auteur, qui n’est plus connu, tiendroit un rang distingué sur notre Parnasse. Tel est le sort ordinaire de ces réputations soufflées par l’esprit de parti, ou par une amitié indiscrette ; elles s’évanouissent aussi promptement qu’elles ont été créées. On fit pour Gomberville, pendant sa vie, ce que deux ou trois Journalistes font aujourd’hui en faveur d’une foule d’Auteurs médiocres qui ne valent pas mieux que lui. Il fut gratifié de plusieurs Odes, Epîtres, Sonnets, &, entre autres, d’un de Maynard, où l’on est étonné de voir la louange prodiguée sans mesure.
Travaille utilement pour la Postérité,Abandonne la Fable, & prends soin de l’Histoire ;Ton esprit, plein de force & brillant de clarté,Par ce beau changement augmentera sa gloire.Ta plume, Gomberville, a touché les Savans,Dont le goût épuré connoît les bonnes choses.L’Art, qui fait les Discours fleuris & décevans,Montre toute sa pompe en ce que tu composes.Cette heureuse éloquence abaisse tes rivaux ;La Cour ne cherche plus que tes fameux travaux ;Les Princes fabuleux l’ont puissamment charmée.Rome plaint les diserts qu’ Auguste a caressés ;Tes Ecrits ont enfin guéri la RenomméeDe l’amour qu’elle avoit pour les siecles passés.
Qu’avoit fait Gomberville, pour mériter une si forte dose d’encens ? Quelques Romans insipides, que le peuple ne voudroit pas lire à présent ; quelques Poésies, dont le Recueil seroit à peine supportable, quand on le réduiroit à quatre pages. Pourroit-on compter, après cela, sur tant de brevets d’honneur décochés si libéralement du pied des Alpes, promulgués par l’Auteur du Mercure, & adoptés par une multitude de Louangeurs qui ne se doutent certainement pas que la louange est un ridicule pour ceux à qui on la donne sans qu’ils la méritent, & pour ceux qui se croient en droit de la dispenser ?