(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 214-215
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 214-215

DUGUET, [Jacques-Joseph] Oratorien, né à Montbrison en 1649, mort à Paris en 1733.

La méthode, le nombre, l’onction, & souvent la force unie à l’élégance, distinguent ses Ecrits de ceux des autres Ecrivains de Port-Royal, dont il se rapproche cependant quelquefois par la diffusion & le fond des principes défendus si opiniâtrément par cette Ecole célebre. Sa plume s’est également exercée sur la Controverse, sur la Morale, sur les Ouvrages de piété. Aux deux défauts près que nous avons indiqués, cet Auteur, dans les objets qui n’intéressent pas ses idées particulieres, est constamment habile Interprete des Ecritures, Défenseur zélé de l’Eglise, Moraliste éclairé, Prédicateur sensible de la Piété Chrétienne & de ses devoirs. Ses Traités de la Priere publique, des Devoirs d’un Evêque, des Principes de la Foi, les Caracteres de la Charité, l’Ouvrage des six Jours, dont la Préface est de l’Abbé d’Alfeld, le Recueil de ses Lettres, annoncent par-tout l’amour de la vertu, un zele sincere pour la Religion, & une grande facilité pour écrire.

Un autre Ouvrage, qui fait encore honneur aux talens de M. l’Abbé Duguet, & qui a le plus contribué à étendre sa réputation parmi les gens du monde, est son Livre de l’Institution d’un Prince. Si l’Ecrivain n’y est pas politique aussi profond, que l’esprit actuel des Gouvernemens semble l’exiger, les vûes y sont du moins saines, les principes sagement discutés, les réflexions justes & lumineuses, la morale utile & irréprochable. De plus, le style en est pur, coulant, noble, quelquefois élégant, mais peu précis. MM. Marmontel & Thomas ont lu avec fruit cette Institution, dont ils ont fondu quelques idées, à leur maniere, l’un dans son Bélisaire, l’autre dans l’Eloge de M. le Dauphin.