DUBOS, [Jean-Baptiste] Abbé, de l’Académie Françoise, né à Beauvais en 1670, mort à Paris en 1742.
Tout ce qui est sorti de sa plume, porte la marque d’un esprit réfléchi, & du bon goût. L’Histoire de la Ligue de Cambrai annonce les connoissances les plus profondes dans la politique, & est écrite d’une maniere très-intéressante. Les Réflexions sur la Poésie, la Peinture & la Musique, renferment tout ce qu’on a dit de plus juste, de plus sage & de mieux vu sur ces trois parties des Beaux-Arts. De tels Ouvrages sont les sources où les jeunes gens devroient aller s’instruire : ils y apprendroient à connoître les vrais principes, & à se défier des nouvelles doctrines qui gâtent tout, en matiere de Littérature, ainsi qu’en matiere de Religion. Il est si rare de trouver des esprits aussi pénétrans que sages, pour saisir dans une juste précision ce qui constitue la vraie beauté de chaque genre ; il est si ordinaire de voir des esprits présomptueux donner leurs rêveries pour des découvertes, les égaremens de leur goût pour des regles sûres, les productions de leur plume pour des modeles irréprochables, qu’on doit regarder les Ecrits des vrais Littérateurs comme des préservatifs contre la décadence des Lettres, ou comme ces colonnes milliaires qui, chez les Romains, indiquoient les grandes routes, & éloignoient les voyageurs des chemins détournés.