DIXMERIE. [N. de la] Ce Littérateur, sans avoir des talens supérieurs, ne laisse pas d’être fort au dessus de sa réputation. Ses Contes sont moins agréables, à la vérité, que ceux de M. Marmontel ; mais ils sont plus moraux, plus variés, & annoncent une ame plus sensible. On trouve dans ses Poésies, de l’aisance & de la simplicité, qualités néanmoins insuffisantes pour former un bon Poëte.
Ce qui nous paroît vraiment mériter de justes éloges, ce sont les Notes qui accompagnent son Ouvrage intitulé les deux âges du Goût. On peut dire à ce sujet, que l’accessoire l’emporte sur le fond. Ces Notes sont judicieuses, instructives, écrites avec autant de netteté que de correction. Le seul défaut qu’on y trouve, consiste dans une indiscrete profusion d’éloges ; tous les Auteurs y sont loués : c’est le moyen de n’en louer véritablement aucun. Dans l’Eloge qu’il a publié de feu M. de Voltaire, on trouve la même prodigalité d’encens. Ses jugemens sur les différens Ouvrages de cet Ecrivain supposent de l’esprit, un grand fonds de Littérature, & le talent de s’exprimer avec autant d’élégance que de correction ; mais ils sentent trop le louangeur enthousiaste. Une critique juste & réfléchie peut seule donner du poids à la louange, & quiconque n’a pas le courage de blâmer quelquefois, s’expose à l’être lui-même comme un fade adulateur. Le goût & la raison ont leurs droits ; la crainte de déplaire ne sauroit jamais être un motif pour les sacrifier.