2. DACIER, [André] de l’Académie Françoise & de celle des Inscriptions, né à Castres en 1651, mort en 1722.
Ce n’est pas du génie & du goût qu’il faut chercher dans ses Ouvrages : de la littérature & de l’érudition, voilà ce qui l’associe aux Savans qui ont rendu service aux Lettres. Il auroit pu leur être utile, s’il se fût un peu défié de la démangeaison de tout expliquer & de tout admirer. Sa Traduction d’Horace n’est guere estimable que par les Remarques qui l’accompagnent ; parmi un grand nombre de curieuses & d’instructives, on en trouve plusieurs d’inutiles & de diffuses, fruit ordinaire d’un savoir qui ne cherche qu’à s’étaler. On sait qu’il a aussi traduit Théocrite, quelques Pieces de Sophocle, plusieurs Dialogues de Platon, Hippocrate, Plutarque, Marc-Antonin ; Ouvrages dont la plupart ne sont recherchés que pour les Commentaires, quoique l’élocution en soit simple & communément exacte. Il a encore traduit la Poétique d’Aristote, Traduction que celle qu’en a donnée depuis M. l’Abbé Batteux n’a point surpassee, & qui est précédée d’un Discours très-lumineux & très-bien écrit sur la Poésie & sur les regles en général. Nous avons, outre cela, de M. Dacier, des Observations sur Longin, que Boileau jugea dignes d’être inserées dans la Traduction qu’il donna de ce Rhéteur.
Gaston, Duc d’Orléans, disoit plaisamment, à l’occasion du mariage d’un Auteur pauvre avec une Demoiselle qui n’étoit pas riche, que la faim & la soif se marioient ensemble. M. de Bauval dit au sujet de celui de M. Dacier avec Mlle le Fevre, c’est l’union du Grec & du Latin. Cette alliance n’a pas été féconde, car ces deux Langues sont aujourd’hui fort négligées parmi nous.