XLIX
de la liberté de la presse en france. — coalition entre les journaux. — les meilleurs journaux français se font a l’étranger. — brochure du cardinal de bonald. — franciscus columna, par charles nodier.
Mon Dieu ! que c’est une terrible chose que d’avoir une conscience et des scrupules ! Je crains, en nommant les gens, d’être ingrat s’ils sont bien pour moi, d’être vindicatif s’ils sont mal. Je ne puis m’en tirer. Un misanthrope disait l’autre jour :
« On croit qu’il y a liberté de la presse en France, elle n’est que sur le papier, elle n’existe pas. En littérature, c’est évident. Il y a coalition entre les journalistes. Ils se battent ou font semblant comme ces condottieri du moyen âge, sans se faire de mal. Ou encore ils font comme ces seigneurs voleurs, ces Burgraves du Rhin qui barraient le fleuve ; aucune vérité ne passe. »
C'est une raison de plus pour la Revue suisse de donner à son public ce qui lui arrive de ces vérités non scandaleuses et désintéressées. Autrefois les meilleurs journaux français se faisaient hors de France, en Hollande, la liberté de la presse n’existant pas au dedans. Aujourd’hui c’est encore vrai.
— Il y a un nouvel écrit, une brochure du cardinal de Bonald, à propos de la loi sur l’enseignement secondaire ; il paraît que c’est violent. Les écrits ecclésiastiques pleuvent, mais on ne les lit plus. On commence à être saturé de cette question. La loi est à l’étude d’ailleurs : elle est en commission à la Chambre des pairs, sous la présidence de M. le comte Molé. M. le duc de Broglie, membre de la Commission, en sera probablement le rapporteur : c’est nommer l’homme le plus capable de concilier et de balancer d’une manière équitable et consciencieuse les droits de l’État et ceux de la religion. La loi sera probablement modifiée ; dans tous les cas, elle ne saurait être votée par les deux Chambres cette année. Les passions auront le temps de s’user.
— Sous le titre de dernier roman de Charles Nodier, on a fait un tout petit volume d’une dernière nouvelle qu’il avait écrite récemment ; c’est intitulé Franciscus Columna. Le talent et l’originalité de Nodier s’y retrouvent tout à fait ; c’est un coin de délicieux roman encadré dans de la bibliographie, et qui n’en ressort que mieux.