Chabanon, [N.] de l’Académie Françoise & de celle des Inscriptions & Belles-Lettres, né en 17..
C’est encore un des Auteurs qu’on nous a reproché d’avoir omis dans les Trois Siecles. Il avoit, sans doute des droits à un Article, comme tant d’Ecrivains médiocres qu’on nous a fait, d’autre part, un crime d’avoir ramenés sur la scene. A quoi sert donc de faire des Préfaces, si les Critiques s’obstinent à susciter des griefs auxquels on avoit répondu d’avance ? Nous avons parlé, il est vrai, de plusieurs Ecrivains qui n’eussent mérité que notre silence, si d’autres raisons ne nous eussent pas fait un devoir d’en parler. Ne falloit-il pas les produire au grand jour pour s’élever contre leurs travers, & en préserver ceux qui auroient été tenter de les imiter ? Quelques-uns avoient fait du bruit ; d’autres jouissoient encore d’une réputation usurpée & nuisible au soutien du bon goût : pouvoit-on se dispenser de les réduire à leur juste valeur ? Il en étoit enfin dont les Articles fournissoient matiere à des réflexions intéressantes, à des critiques utiles, à des réfutations indispensables. Voilà pourquoi nous avons cru devoir les placer dans notre Collection.
On saura donc que M. Chabanon a donné au Théatre la Tragédie d’Eponine, qui n’est connue que par sa chute, justement méritée ; qu’il est Auteur d’une autre Tragédie, à qui le défaut de représentation a épargné la même disgrace ; d’une Traduction des Odes Pythiques de Pindare, où le plus animé de tous les Poëtes Lyriques paroît d’une froideur plus qu’Hyperboréenne ; & qu’il a aussi traduit les Idylles de Théocrite d’une maniere peu capable d’inspirer du goût pour cet Auteur. Il faut néanmoins convenir que ces deux derniers Ouvrages, accompagnés de notes historiques & critiques, annoncent un Littérateur érudit, qui, malgré la froideur de son style, écrit beaucoup mieux que la plupart de ses confreres de l’une & l’autre Académie.